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L'actualité sociale reste très étoffée et donne lieu à de nombreux articles dans les médias tout au long de l'année. Même si le Lëtzebuerger Journal a choisi de prendre du recul par rapport aux événements et informations déjà couverts au jour le jour par les quotidiens et les médias audiovisuels, cela ne l’empêche pas d’aborder ces sujets sociaux en profondeur et c'était le cas cette année sous la plume de Camille Frati.
Syndicats, patronat, revendications, négociations… Un vocabulaire très familier et qui revient souvent dans l'actualité chaque année. Les journalistes ont même un mot pour cette famille de sujets récurrents : des marronniers. Mais ce serait une erreur fondamentale de reléguer les sujets sociaux à un ballet répétitif dans lequel chacun·e joue le rôle que l'on lui prête à la seconde près.
Prenez les élections sociales vouées à élire les représentant·e·s des salarié·e·s dans les entreprises et à la Chambre des salariés : oui, ce double scrutin intervient tous les cinq ans et ne semble porter aucun suspense hormis un éventuel changement du rapport de force entre les différents syndicats. Mais l'impact de cet exercice électoral se démultiplie sur les relations sociales des années à venir dans les milliers d'entreprises et au sein de la Chambre des salariés. C'est ce qui m'a tenu à cœur dans le contexte des élections sociales cette année : ne pas s'arrêter aux petites phrases mais proposer un état des lieux des syndicats aujourd'hui. Leurs forces, leurs faiblesses, leurs membres aussi à travers un article truffé de statistiques.
Une analyse en profondeur qui m'a permis d'interroger les vérités immuables que l'on présente sur le syndicalisme au Luxembourg, un mouvement qui n'est plus épargné par l'érosion des adhésions comme chez nos voisins mais qui reste dynamique et déterminé. Et il vaut la peine d'être exploré parce derrière ces luttes sociales se joue le quotidien de centaines de milliers de travailleur·euse·s. Finalement, les droits importants sont ceux que l’on exerce tous les jours : que se passe-t-il si j’ai un accident de la route en allant au travail ? Est-ce que mon employeur·euse peut me demander de travailler le week-end sans récupération ou sans prime ? Peut-il ou elle me refuser mon congé parental ?
De la même façon, j'ai décortiqué les points d'achoppement du respect des droits sociaux des travailleur·euse·s frontalier·ère·s au Luxembourg, histoire de porter le débat plus loin que les simples jérémiades sur l'encombrement des routes par les voitures siglées F, B ou D. Les frontalier·ère·s qui réclament justice parce qu'une bourse d'études a été refusée à leur enfant ou parce qu'ils·elles ne reçoivent plus d'allocations familiales pour les enfants de leur conjoint·e qu'ils logent, nourrissent et habillent toute l'année – ces frontalier·ère·s ne font pas preuve d'ingratitude ou de vénalité, ils·elles font respecter leurs droits, comme l'a souligné la Cour de justice de l’UE dans plusieurs arrêts et comme l’ont rappelé les experts en politique sociale du réseau européen MoveS lors d'un séminaire à Luxembourg en juin dernier.
"Finalement, les droits importants sont ceux que l’on exerce tous les jours : est-ce que mon employeur·euse peut me demander de travailler le week-end sans récupération ?"
Cette fin d'année a de nouveau marqué le retour d'un serpent de mer – encore une expression choyée par les journalistes – de la thématique sociale : les pensions, sous-entendu la viabilité du système des pensions sur laquelle l'Inspection générale de la sécurité sociale attire l'attention dans son rapport intermédiaire tous les cinq ans. Surtout que cette année le gouvernement a décidé de lancer un débat national sur la question, ce qui étire la couverture de ce sujet depuis déjà cet été et le positionnement des syndicats et du patronat jusqu'au printemps prochain lorsqu'une réforme sortira fort probablement du chapeau des experts sollicités – ou pilotés selon le point de vue – par le ministère de la Sécurité sociale. Encore une fois l'affaire semble entendue, on a l’impression de revoir la même dramaturgie à l’œuvre avec les syndicats d’un côté et le patronat de l’autre.
Mais dans mes articles j’ai voulu creuser plus loin, décortiquer les arguments et les chiffres présentés par les un·e·s et les autres, que ce soit par des interviews ou par des graphiques. Histoire de donner un autre angle de vue sur la problématique, de mettre en perspective les positions des uns et des autres. Par exemple qu’est-ce qui est le plus marquant et le plus impactant concernant le profil des pensionnés : les quelques 1,9% qui perçoivent une pension de plus de 7.000 euros par mois ou les 30% qui reçoivent moins de 1.000 euros par mois ?
Derrière le débat sur les pensions et cette bataille de statistiques se cache ni plus ni moins que notre droit à toucher une pension qui nous permette de vivre dans la dignité. Effectivement la question se pose de voir quelle forme prendra la pension de demain ou d'après-demain, avec ou sans l'introduction d'une part de pension complémentaire comme l'envisagent, en toute retenue, les assureurs.
C’est cette analyse, cette recherche en profondeur que nous vous apportons tout au long de l'année au Lëtzebuerger Journal. En 2024 comme en 2025.