Dans les coulisses de la Superwaljoer

Par Camille FratiMisch PautschLex Kleren

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La nouvelle année est l'occasion idéale de revenir sur 2023. Pour l'équipe du Journal, cela signifie se pencher sur plus de 600 articles ou podcasts publiés et au moins trois fois plus d'interviews menées. Chaque membre de l'équipe a choisi la contribution qui l'a le plus marqué·e.

Cette année 2023 était marquée depuis longtemps d'une pierre blanche dans les agendas des partis en raison de la concomitance des élections communales et législatives, toutes deux décisives pour le pays. Une Superwaljoer forcément suivie de près par les journalistes de tous les médias. Pour le Lëtzebuerger Journal, ces premières élections depuis notre virage 100% numérique pouvaient constituer un défi puisque nous n'allions pas nous contenter de couvrir des conférences de presse, des réunions politiques ou des soirées électorales.

Je suis très fière de ce que nous avons apporté au débat public à travers notre ligne éditoriale exigeante mais bénéfique pour la démocratie, avec des articles et des interviews qui invitent à s'écarter du brouhaha médiatique pour aborder des questions essentielles comme le budget de campagne des partis, la déchéance du droit de vote pour des personnes condamnées, le choix des slogans ou encore ce que les partis proposent concrètement pour s'attaquer à la crise du logement.

De mon côté, j'ai planché sur la (faible) surveillance de la campagne dans les médias, le (faux) multilinguisme dans la campagne électorale pour les communales, le découpage (obsolète) des circonscriptions électorales et sur la passionnante histoire des coalitions qui ont gouverné le pays depuis 1945. Autant de sujets qui demandent un travail de fourmi que l'on ne soupçonne pas forcément à la lecture.

C'est surtout vrai dès que l'on se penche sur des statistiques : même le site officiel des élections n'est pas exempt d'erreurs, je l'ai découvert quand je me suis rendu compte que les données sur les électeur·rice·s inscrit·e·s par circonscription lors des élections de 2004 étaient en tout point identiques à celles des élections de 1999…

"Il ne s'agit pas seulement de raconter la petite histoire derrière la grande, mais d'éclairer les conséquences des élections en ce qu'elles dessinent l'avenir du pays."

J'ai eu la chance d'interroger des femmes et hommes politiques actif·ve·s hier et aujourd'hui sur les coutumes de la politique luxembourgeoise, ses coups d'éclat, comment ils et elles ont vécu de l'intérieur des négociations de coalition ou des crises majeures comme le déclin de la sidérurgie. Ces témoignages de Colette Flesch, Alex Bodry et Marc Spautz ont aussi donné une vision plus humaine de ce qu'est un gouvernement, comment il se forme, les relations personnelles qui expliquent telle décision.

Il ne s'agit pas seulement de raconter la petite histoire derrière la grande, mais d'éclairer les conséquences des élections en ce qu'elles dessinent l'avenir du pays, que l'on parle d'infrastructures de transports, d'économie ou de logement. Et d'analyser comment chaque parti a influé sur le cours de l'histoire du pays – modulant un peu ou beaucoup son discours en fonction de son partenaire de coalition. C'est de cela que je voulais parler à nos lecteur·rice·s et pas des faux débats par tweets interposés durant la campagne électorale. Notre raison d'être en tant que journalistes, c'est de remettre des discours ou des décisions dans leur contexte historique, de nourrir le débat public, de réveiller l'opinion et de challenger le gouvernement s'il le faut.

Cerise sur le gâteau : grâce à ces recherches et ces rencontres, j'ai beaucoup appris sur le pays, moi qui n'y suis pas née et ne le connais au quotidien que depuis 2009. De nouvelles connaissances qui me permettront de le comprendre et de l'analyser encore mieux à l'avenir.