Y a-t-il trois circonscriptions de trop ?

À l'approche des élections à la Chambre des députés, se pose toujours la question de savoir qui les élu·e·s représentent et s'ils·elles le font de manière équitable. Il faut dire que le système électoral luxembourgeois a peu évolué ces dernières décennies malgré une longue liste d'idées et de réformes pour le moderniser. Cumul des mandats, nombre de député·e·s, découpage des circonscriptions… "C'est un véritable serpent de mer", commente Philippe Poirier, professeur de science politique à l'université du Luxembourg et titulaire de la chaire de recherche en études parlementaires de la Chambre des députés. "Depuis le début des études sur l'électorat en 2000, je crois que j'ai connu une vingtaine de propositions plus ou moins formalisées et aucune n'a abouti hormis l'accord de 2016 entre les partis sur le minimum de 40% de femmes candidates – qui ne garantit pas une proportion analogue à la Chambre."

Toucher au système électoral, c'est risquer de perdre des suffrages, des sièges, du poids à la Chambre et potentiellement l'occasion de participer à un gouvernement. Et cela commence par le découpage du territoire en circonscriptions électorales. Cette seule question a fait l'objet de deux pétitions et d'un recours en justice dans les dix dernières années. Ainsi en 2014 un citoyen déposait une pétition intitulée "Pour une circonscription unique lors des élections législatives". À son avis, "vu l'accroissement de la population aussi bien au nord qu'à l'est du pays, la division du petit Luxembourg en circonscriptions aux élections nationales est dépassée et démocratiquement injuste, vu les proportions du nombre de personnes à élire et le nombre d'électeurs, le Nord et l'Est sont désavantagés vis-à-vis du Centre et du Sud".