Sexisme, violences sexuelles et abus de pouvoir dans le milieu artistique : le secteur des arts de la scène commence, cinq ans après #Metoo, son examen de conscience et cherche à instaurer un climat serein pour des artistes en position souvent précaire.
C’est une première étape forte qu’a franchie le secteur des arts de la scène au Luxembourg. La conférence « Unmute Power Abuse » a été organisée au cours du mois de novembre pour libérer la parole des artistes. Il ne s’agissait pas pour cette première de laver le linge sale en famille, mais bien de démarrer une salve de discussions pour savoir sur quel modèle le Luxembourg pourrait se baser. Ceci afin de favoriser un espace de travail sûr pour les artistes, un environnement où les abus de pouvoir n’auraient plus lieu d’être. Dans un préambule, Ainhoa Achutegui, directrice de Neimënster, présidente du Planning Familial et spécialiste des questions de violences sexuelles, a martelé que « toute forme de violence au nom de l’art n’est plus acceptable ». Il s’agit d’un véritable changement de cap alors que les abus étaient jusqu’ici largement acceptés par le milieu, subis par les artistes eux·elles-mêmes si ils·elles voulaient pouvoir continuer à travailler et vivre de leur art.
Luxembourg a jusque-là échappé au grand déballage #Metoo. Pas de dénonciation publique, pas de scandale, aucune plainte, comme si le Grand-Duché se trouvait sur un îlot paisible, loin des tumultes des affaires de scandales sexuels dans le monde de l’art. Mais les artistes luxembourgeois·es travaillent beaucoup en dehors du pays et avec des chorégraphes, réalisateur·rice·s ou producteur·rices étranger·ère·s. En 2018, un scandale avait entaché le chorégraphe belge Jan Fabre qui était accusé par des danseur·euse·s d’« humiliations sexuelles », via une lettre ouverte. Des artistes parlaient publiquement d’un comportement abusif du chorégraphe, un comportement longtemps accepté par le milieu, alors que « tout le monde savait ». À l’époque du scandale, la danseuse et chorégraphe luxembourgeoise Sylvia Camarda avait alors donné une interview dans les pages de nos confrères du Quotidien pour défendre le chorégraphe et dézinguer ses consoeurs : « Toute danseuse a le droit de dire jusqu’où elle veut aller avec un chorégraphe. Si elles ne sont pas capables de le faire pendant la production, qu’elles restent sur le projet jusqu’à la fin, je me demande : est-ce que ces filles sont frustrées parce qu’elles ont une mauvaise expérience ou parce qu’elles n’ont pas eu un nouveau contrat ? »
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