Rétro - Tout ce qui brille n'est pas or

Par Christian Block Changer en allemand pour l'article original

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Le Lëtzebuerger Journal fête déjà son deuxième anniversaire digital. Nous avons trouvé notre place dans le paysage médiatique, nous avons évolué et nous sommes prêt∙e∙s pour 2023. Tout cela ne serait pas possible sans les personnes qui nous font part de leurs expériences et de leurs points de vue. À cette occasion, chaque membre de l'équipe a choisi un article qui l'a particulièrement marqué∙e cette année.

Rencontre entre deux agriculteurs et deux représentants du Parc naturel de la Haute-Sûre près de Harlange. Ce qui semble être le début d'une plaisanterie a en réalité été le point de départ d'une rencontre extrêmement passionnante dans la région du lac de barrage en novembre. Car même si, en tant que journaliste, on a l'habitude de côtoyer différents points de vue, on ne vit pas si souvent un échange direct, à part lors de tables rondes.

Cet échange a été passionnant à plus d'un titre. D'une part, parce que l'un des interlocuteurs était l'ancien président de la Laku qui, avec trois autres agriculteurs, avait jeté l'éponge il y a trois ans et démissionné du comité directeur de la Landwirtschaftlech Kooperatioun Uewersauer – et qu'il avait des choses à raconter. Ensuite, parce que, contrairement à deux membres actuels du conseil d'administration, il travaille de manière conventionnelle. Ensuite, parce qu'il est évident que d'autres sujets sont abordés en de telles occasions, comme par exemple la loi agricole controversée, les conditions de production et de revenu de l'agriculture ou sa réputation…

Enfin, l'échange a également été fructueux parce que l'agriculture, le parc naturel et le Sebes tentent, malgré des divergences d'opinion et des visions du monde parfois mineures, parfois majeures, de poursuivre des intérêts communs – dans le sens de la protection de l'eau potable qui, dans la mesure où nous voulons nous passer de l'eau de la Moselle à l'avenir, devrait nous tenir à cœur à tous.

« Ces exemples montrent pourquoi il est indispensable de remettre sans cesse en question nos hypothèses sur le monde. »

Cette expérience, cette recherche de compromis, a toutefois été, du moins par le passé, semée d'embûches et de résistances. Entre le soutien politique à une protection de l'eau coopérative, qui devait dédommager financièrement les mesures volontaires des agriculteur·trice·s au lieu de n'imposer au secteur que des interdictions et des contraintes, et sa conception et sa mise en œuvre concrètes, il y avait une contradiction qui a dégénéré en 2020 avec la démission en question.

On peut trouver de nombreux exemples de la contradiction entre la théorie et la pratique, entre une idée politique et sa mise en œuvre. Dans tous les domaines. 2022 a été l'occasion d'aborder certains de ces thèmes, en partie des questions qui n'ont jusqu'à présent pas ou peu été évoquées publiquement au Grand-Duché, ou qui sont apparues au cours d'une recherche. Comme le manque de transparence qui règne autour de la passation des marchés publics et de la mise en œuvre de la réforme de 2018, avec toutes ses promesses mirobolantes. Ou que des lacunes existent dans l'accompagnement des personnes revenant d'un séjour thérapeutique à l'étranger. Ou encore la pratique encore très répandue, au Luxembourg comme en Europe, du raccourcissement systématique de la queue des porcelets – malgré l'interdiction.

Ces exemples montrent pourquoi il est indispensable de remettre sans cesse en question nos hypothèses sur le monde. Et que les journalistes doivent investir du temps et une présence sur le terrain (et en avoir les moyens) pour trouver des réponses à leurs questions. Car tout ce qui brille n'est pas or. Il est probable que l'exception confirme encore plus la règle.