La croissance au nom de la sécurité, et ce qu'elle laisse sur le carreau
Par Sherley De Deurwaerder, Lex Kleren Changer en allemand pour l'article original
Le Luxembourg s'arme, et vite. Ce qui commence comme une contribution justifiée à la solidarité de l'Otan se transforme en un modèle d'entreprise qui, dans sa quête de profit, risque d'oublier les questions de responsabilité politique et entrepreneuriale envers les personnes et les biens. Le point sur ce qui manque à ce jour dans la planification industrielle.
Les dépenses de défense du Luxembourg augmentent, passant de 190 millions en 2014 à 728 millions en 2024 et devraient désormais avoisiner 1,5 milliard d'euros fin 2025. L'objectif du gouvernement est entre autres de tirer un rendement économique et social positif de l'effort d'armement. Ils ne doivent pas être synonymes de simple charge budgétaire, mais favoriser la croissance, la compétitivité et l'innovation.
Selon le document stratégique Lux4Defence présenté à la Chambre de commerce fin avril 2025, un retour de 60% des dépenses de défense vers le Grand-Duché pourrait créer environ 2.000 nouveaux emplois. Et ce, même avec un budget de défense de 2% du RNB. Un objectif que le Premier ministre Luc Frieden a avancé à la fin de cette année lors de son discours sur l'état de la Nation, au lieu de 2030 comme le stipule l'accord de coalition. Dernièrement, la volonté a été signalée de soutenir progressivement les nouveaux objectifs probables de l'Otan, même si les 2% fixés en 2014 seront portés à 5% (dont 1,5% d'investissements liés à la défense) d'ici 2035 d'après le dernier sommet de l'Otan.
Parallèlement, la base industrielle prend forme. Pour ce faire, le Luxembourg mise sur les atouts existants dans les secteurs à double usage tels que la cybersécurité, l'espace, la logistique et les matériaux de haute technologie. Des entreprises nationales se sont regroupées en juin au sein de l'asbl LuxDefence, résultat de l'initiative Lux4Defence, avec l'objectif déclaré de fédérer la coopération en tant que partenaires gouvernementaux structurés et d'accroître la visibilité internationale du secteur.
Il ne fait aucun doute que le premier pas a été franchi.
La notion de valeur
Il est aussi beaucoup question de "valeurs", que ce soit à la Chambre des députés, dans les discours publics, les communiqués de presse ou l'actuel accord de coalition. Le député David Wagner (déi Lénk) rejette ce terme. "Il ne s'agit pas de défendre des valeurs – quelles qu'elles soient – comme cela est toujours présenté de cette manière, mais des marchés de capitaux."
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