Envie d’indépendance

Par Audrey SomnardLex Kleren

Confrontées à de grandes difficultés pour trouver du travail, les personnes réfugiées n’ont souvent d’autre choix que de démarrer leur propre société. Un mal pour un bien pour des personnes habituées à la débrouille, qui doivent cependant naviguer dans les méandres de l’administration luxembourgeoise et des exigences des banques. L’association Touchpoints leur vient en aide.

C’est environ 200 personnes par an qui franchissent les portes de Touchpoints pour obtenir des informations. Ce qui aboutit à entre 10 et 15 créations d’entreprise chaque année. L’asbl se démarque des incubateurs qui sont déjà légion dans le pays, son objectif est tout autre : « Nous n’avons pas pour ambition de coacher les entrepreneurs avec un accompagnement stratégique de leur projet. Notre but est d’informer un maximum sur les aléas administratifs, sur les documents qui sont demandés, les démarches à faire. En général ces personnes connaissent leur métier, c’est ce qu’elles faisaient dans leur pays d’origine. Elles n’ont pas besoin d’aide de ce côté-là. Mais nous prenons beaucoup de temps pour orienter sur les bases de la création d’entreprise, nous avons beaucoup d’expérience avec les cas exceptionnels », explique Fabienne Colling, directrice de l’asbl Touchpoints.

Elle accompagne les réfugié·e·s et personnes de pays tiers pour que ces dernier·ère·s puissent démarrer leur propre entreprise car « c’est bien souvent par manque d’alternatives sur le marché du travail, ou alors parce qu’ils ne voient pas de perspective d’évolution » que la création d’entreprise s’ouvre à eux·elles, constate Mme Colling. Problèmes de langue, manque de reconnaissance des diplômes et des compétences, ces personnes sont en général perdues.

Une épicerie, comme en Syrie avec son père

Assad Halabe est derrière le comptoir de son épicerie, rue de Bonnevoie à Luxembourg, il remplit des sachets de pignons de pin, avec ses deux employés. Il est arrivé au Luxembourg en 2016 d’Alepp, après un long chemin à travers le Moyen-Orient et l’Europe, alors qu’il avait 26 ans. Il obtient rapidement son statut de réfugié, mais du côté de l’emploi les difficultés s’accumulent. Assad multiplie les petits boulots mais il souhaite rapidement avoir son épicerie, comme c’était le cas en Syrie avec son père : « Je suis parti avec rien, je ne pouvais pas rester et être enrôlé dans l’armée, il fallait que je parte », explique le jeune homme qui s’exprime dans un français quasi impeccable. Les langues, un préalable avant de s’attaquer au marché du travail luxembourgeois : « J’avais un point de contact chez Touchpoints qui parlait arabe, ça m’a beaucoup aidé. Avant même de trouver du travail, il m’a conseillé d’apprendre le français », raconte Assad.

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