J’ai deux mots à vous rire - Visions d’euros

Quand la nouvelle est tombée, beaucoup n’en ont pas cru leurs yeux, ni d’ailleurs leurs oreilles. C’était trop beau pour être vrai. Plus extraordinaire que l’annonce d’une paix universelle et éternelle, mieux que la révélation de la découverte de la pierre philosophale, plus fantastique que la mise au point d’une énergie illimitée et gratuite, plus glorieuse que la victoire en finale de la Coupe du monde de tous les sports connus, plus excitante que la couverture photo d’un mariage princier, plus réconfortante que la présence d’un ancien ministre, ancien transfuge politique, ancien PDG, ancien baron de la finance, ancien futur retraité… dans la phase finale d’une course électorale, plus impressionnante que le dernier bouchon à l’entrée de la ville… La confirmation proclamée haut et fort dans tous les médias du pays de la participation du Luxembourg à l’Eurovision de la Chanson dès 2024 a provoqué la liesse populaire et la joie dans les chaumières, la frénésie médiatique et la satisfaction politique, l’exaltation nationale et la jubilation grand-ducale. Sonnez hautbois et résonnez musettes, il est confirmé le divin événement.

Ceux qui vont moins rigoler, ceux qui vont avoir le trouillomètre à zéro, ceux qui voient cette bonne nouvelle comme une malédiction, ce sont tous les pays qui se félicitaient de l’absence du Luxembourg pour grapiller des points et tenter d’usurper la place du vrai champion. Depuis la trente-huitième édition du concours en 1993, c’est à dire depuis 40 ans, les petits joueurs, les bricoleurs, les chanteurs à la sauvette, les groupes mal fagotés, les interprètes mal préparés, les orchestres mal accordés, les pays mal représentés… étalaient leur médiocrité lors de la soirée magique et l’un d’entre eux, chaque année, s’emparait du trophée sans jamais le mériter.