La crise énergétique que nous connaissons s’avère plus profonde et plus durable qu’à première vue selon Helen Thompson, professeure d’économie politique à l’université de Cambridge.
C’est un vent de pessimisme qu’est venue souffler l’économiste de renom lors de son intervention durant l’Alfi London Conference, le forum annuel mêlant représentant·e·s de l’industrie des fonds de Luxembourg et de la City le 12 octobre dernier. Actualité réglementaire, contexte international, Brexit – à côté des thèmes habituels ou récurrents, l’analyse qu’a livrée Mme Thompson sur la crise énergétique actuelle n’a effectivement pas manqué de susciter l’inquiétude des investisseur·euse·s de tous ordres présent·e·s physiquement ou en ligne à cette conférence.
« Je pense que la crise énergétique à laquelle le monde fait face est indépendante du changement climatique et de la transition écologique », assène Mme Thompson en préambule. Comme le laisse présager le titre de sa présentation – « La crise énergétique structurelle » –, l’économiste remonte bien plus loin que la guerre en Ukraine pour expliquer l’explosion des prix des produits pétroliers. D’abord parce que la demande en produits fossiles ne faiblit pas. « L’énergie fossile est encore incontournable pour une période indéterminée », affirme Mme Thompson, s’appuyant sur un graphique qui montre que la consommation de pétrole, de gaz et de charbon n’a cessé de s’accroître depuis 1990 tandis que la croissance de la consommation d’énergies solaire, éolienne, nucléaire, hydraulique ou de biomasse a peu évolué. « L’énergie à bas carbone s’est ajoutée à l’énergie fossile, elle ne l’a pas remplacée », en déduit-elle.
D’un autre côté, la production mondiale de pétrole croît peu. Elle stagnait depuis 2005 avant d’augmenter légèrement dans les années 2010, « seulement parce que la production de pétrole de schiste aux États-Unis a décollé en 2010 », souligne Mme Thompson. « Lorsque l’on regarde la production par pays, on remarque que les États-Unis sont les seuls à avoir accru leur production dans les années 2010. Ils avaient le grand espoir en 2000 que l’Irak devienne un producteur de haut rang, au même niveau que l’Arabie Saoudite et la Russie, et le gouvernement irakien promettait une production de 12 millions de barils par jour à la fin de la décennie. Mais elle n’a jamais dépassé 5 millions de barils par jour et elle décline depuis 2018. » Les États-Unis comptaient également sur une plus grande production venant de l’Iran mais se sont heurtés à l’impossible réchauffement des relations avec les dirigeants de ce pays.
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