Rétro - Ce qu’être humain signifie

Par Daniel Nepgen Changer en allemand pour l'article original

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Le Lëtzebuerger Journal fête déjà son deuxième anniversaire digital. Nous avons trouvé notre place dans le paysage médiatique, nous avons évolué et nous sommes prêt∙e∙s pour 2023. Tout cela ne serait pas possible sans les personnes qui nous font part de leurs expériences et de leurs points de vue. À cette occasion, chaque membre de l'équipe a choisi un article qui l'a particulièrement marqué∙e cette année.

2022 entrera dans l'histoire comme l'année où l'intelligence artificielle a déclenché le prochain changement de paradigme de la société. Il est difficile de prédire à ce stade dans quels domaines l'impact de l'IA sera le plus important, mais le lieu de travail en fait partie. Nous devrons nous habituer à ce que des assistants virtuels deviennent de plus en plus sophistiqués et prennent en charge de nombreuses tâches, ce qui changera également notre manière d'interagir avec le monde numérique. Ces technologies d'automatisation vont également bouleverser notre conception de la collecte et du traitement d’informations.

Qu'en est-il de l'être humain dans ce nouveau monde ? Et le journalisme peut-il encore s'affirmer, étant donné que le flot d'informations et de contenus qui déferle sur les gens est de plus en plus important ? À mon avis, ces deux questions seront encore plus étroitement liées dans le monde de l'IA après 2022. Si le journalisme veut rester pertinent, il doit aller plus loin que la simple transmission d'informations de base, il doit être plus qu'un simple reportage. Pourquoi quelqu'un devrait-il ou elle encore payer pour des informations alors qu'elles sont disponibles en masse sur internet, et ce gratuitement ? Grâce à l'intelligence artificielle, leur traitement sera encore plus simple et efficace.

Le nouveau Lëtzebuerger Journal numérique s'est engagé dès le début, en janvier 2021, à pratiquer le « slow journalism » et à traiter des sujets pertinents triés sur le volet, plutôt que de prétendre à la qualité par la quantité. L'approche humaine a été inspirée par le projet Humans of New York, avec ses portraits de rue et ses histoires directement tirées de la vie. Et c'est précisément cette philosophie qui sera la clé pour rester irremplaçable dans une société dominée par l'IA et par la boucle infinie de contenus multimédias. Rien ne remplace un récit d'expérience authentique avec toutes ses nuances de gris. Aucune machine n’est capable de faire une synthèse en intégrant des sentiments et des impressions purement humaines. Le journalisme deviendra forcément encore plus humain. Laissons à l'intelligence artificielle la froideur des faits. Le véritable « deep dive », au bout duquel se trouve la prise de conscience organique, nous appartient.

« Pour nous, le podcasting ne consiste pas simplement à appuyer sur record, à enregistrer des heures de conversations et à les envoyer ensuite au nirvana numérique sous la forme d'une masse audio indigeste. »

Mais pour l'emballage de ces contenus, il faut être de plus en plus créatif. Comme la plupart des stimuli traités par le cerveau sont de nature visuelle, l'ouïe est une porte d'accès importante pour transmettre des informations. Non seulement l'oreille les capte de manière très différenciée, mais elle est aussi extrêmement performante. Au Lëtzebuerger Journal, tous les contenus sont également disponibles sous forme audio, en trois langues. Et nous essayons de mettre en œuvre de plus en plus de thèmes et d'idées sous forme de formats podcast spécialement conçus à cet effet. Pour nous, le podcasting ne consiste pas simplement à appuyer sur « record », à enregistrer des heures de conversations et à les envoyer ensuite au nirvana numérique sous la forme d'une masse audio indigeste, en espérant que quelqu'un mordra à l'hameçon. Derrière chaque concept se cachent une idée et une production. Et chaque concept a sa raison d'être.

Dans la phase de développement du Journal numérique, la directrice des contenus Lynn Warken avait proposé l'idée de lancer un format d'interview qui n'existait pas encore. Pourquoi ne pas croiser la radio avec le streaming ? Donc mélanger le talk avec la musique et aller chercher les gens là où ils écoutent de toute façon leur musique. C'est ainsi qu'est né Hannert der Fassad sur Spotify. Dans chaque épisode, une personne raconte des anecdotes et des moments marquants de sa vie en s'appuyant sur ses chansons préférées. Des extraits d'interviews et des chansons alternent dans une playlist. À ce jour, 13 épisodes ont été créés et d'autres suivront.

Il n'est pas toujours nécessaire de réinventer la roue. Un changement de pneu fait parfois l'affaire.