L'histoire vue d'en bas

Par Christian BlockLex Kleren Changer en allemand pour l'article original

Le projet Warlux vise à reconstruire des histoires de vie pendant la Deuxième Guerre mondiale, sur le front comme chez les proches d'enrôlé·e·s de force au Luxembourg. Le projet de recherche prendra fin cet été. Pourtant, la science ne fait qu'effleurer la surface.

Le Dr Nina Janz a apporté une petite boîte. À l'intérieur reposent de la poste militaire, quelques photos et d'autres documents. Il y a quelques semaines seulement, ces lettres ont trouvé leur chemin entre les mains d'historien·ne·s de l'université du Luxembourg. Un habitant de Schifflange avait répondu à l'appel du Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C²DH) et du Musée national de la Résistance et des Droits de l'Homme de mettre à disposition des chercheur·euse·s des documents datant de la Deuxième Guerre mondiale. Dans le cadre d'une conférence, les collaborateur·rice·s de l'université avaient même installé un petit espace de travail où les documents apportés pouvaient être scannés directement sur place.

Ce sont ce qu'on appelle les égo-documents sur lesquels se concentre l'intérêt scientifique : des lettres ou des journaux intimes qui donnent un aperçu de la perception personnelle d'une personne, de son regard sur son environnement et sur les événements à une époque donnée. Une perspective qui n'a guère été étudiée scientifiquement jusqu'à présent au Luxembourg et pour laquelle les historien·ne·s ont besoin de la collaboration de la population.

La conférence, intitulée "Histoire locale de près : expériences personnelles de la guerre à Schifflange", a eu lieu en février dans le cadre de la série ForumZ (Z signifie "Zeitgeschichte", c'est à dire histoire contemporaine). Ce format a été créé pour "chercher délibérément le contact avec la société luxembourgeoise" et pour "discuter des résultats de recherche ou des thèmes avec les gens sur place", a déclaré le professeur Andreas Fickers à cette occasion. Le directeur du C²DH a résumé l'objectif du projet de recherche Warlux en ces termes : "se rapprocher du quotidien vécu" par les gens pendant la Deuxième Guerre mondiale en explorant une "perspective microhistorique".

Plus concrètement, il s'agit de recenser et d'analyser les expériences de guerre personnelles non seulement des enrôlé·e·s de force, mais aussi de leurs familles. "Plus de 10.000 femmes et hommes luxembourgeois ont porté des uniformes allemands dans les forces armées et les organisations civiles pendant la Deuxième Guerre mondiale", note la description du projet. Qui étaient ces personnes ? Comment ont-elles géré cette situation ? "Cette perspective n'a pas encore été étudiée scientifiquement", explique Nina Janz, coordinatrice du projet Warlux sous la direction du professeur Denis Scuto.

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