L'exil forcé de la moule d'eau douce

C'est la question qui taraude le biologiste. Dans la cave du moulin de Kalborn, à l'extrême nord du pays, il soulève le couvercle d'un grand récipient et effraie ainsi un instant le petit banc de truites fario qui y tourne en rond. Si l'on examinait ces truites, on trouverait sur leurs branchies quelques centaines de larves de moules perlières d’eau douce. Chaque année au mois d'août, des confrères·soeurs belges se rendent dans les rivières du pays voisin à la recherche de vieux animaux de l'espèce. Ils·Elles les ouvrent délicatement à l'aide d'une pince. Si les branchies sont gonflées, c'est un indice que l'animal est en train de former des larves. Les spécimens en gestation sont collectés et placés dans un aquarium jusqu'à ce qu'ils libèrent leurs larves.

M. Thielen connaît bien les poissons et leurs parasites. Après tout, c'était le sujet de sa thèse de doctorat. Le hasard a sans doute joué son rôle lorsqu'il a commencé à travailler pour la fondation natur&ëmwelt en 2007. En effet, sa première mission devait être de mettre en place une station d'élevage pour les moules d'eau douce qui passent une partie de leur vie comme parasites sur les poissons.

Dans la station d'élevage, cela fonctionne de la manière suivante : les truites de rivière sont mises en contact avec les larves pendant environ 45 minutes dans une cuve où le niveau d'eau est bas. « Les larves sont programmées pour se fixer sur les branchies des poissons lorsqu'ils expirent. » Quelques mois plus tard, le printemps commence pour les truites fario. En janvier, les poissons sont transférés dans un autre récipient où la température de l'eau augmente progressivement pour atteindre 16 à 17°C. Les larves qui se transforment en jeunes moules par le biais de la métamorphose se détachent alors de leur hôte et sont recueillies dans un tamis fin.