Les sorcières du Luxembourg déchirées entre mythe et histoire

Il est de notoriété publique, dans le cadre de la théorie féministe, qu'une lutte sous-estimée à laquelle sont confrontées les femmes est la possibilité d'admirer des modèles féminins forts. Au 21e siècle, il y a toujours un déficit de représentation complexe de symboles féminins puissants. En raison d'un système de pouvoir patriarcal* qui dure depuis de nombreux siècles, la contribution des femmes à l'histoire a été grossièrement minée, comme cela a déjà été décrit dans le document de recherche intitulé A new age of goddess worship in new wave feminism : witch way forward? , le sexisme inhérent à la société a placé la contribution des hommes au centre de l'attention, laissant les femmes et les homosexuel·le·s dans des rôles secondaires, si tant est qu'ils·elles soient reconnu·e·s. Cette tendance misogyne* de longue date a laissé les femmes aspirer à un type de symbolisme dans lequel elles puissent se reconnaître.

La sorcière : un conte vieux comme le monde?

Comme l'a écrit Simone De Beauvoir dans son livre intitulé Le Deuxième Sexe : « La représentation du monde, comme le monde lui-même, est l'œuvre des hommes ; ils le décrivent de leur propre point de vue, qu'ils confondent avec la vérité absolue. »

Allant à l'encontre de la normalisation selon laquelle les figures les plus puissantes et les plus populaires sont des hommes et qu'ils doivent être nos idoles, certaines femmes ont pris sur elles d'autonomiser les récits de femmes déviantes et de créer leur propre contribution sorcière en défiant ce statu quo. Afin de retracer les fluctuations actuelles de l'histoire des sorcières et du mythe associé à ce symbole, des conversations ont été initiées avec des femmes de différents horizons qui ont permis de clarifier les similitudes et les différences entre le symbolisme des sorcières et l'histoire factuelle qui le sous-tend.

Certaines personnes ont trouvé refuge dans les mythes populaires des sorcières. En effet, une idée notoirement datée semble être celle de ces femmes effrayantes, laides avec des pustules sur le nez qui sèment la terreur partout où elles passent. Même si ces attributs féminins péjoratifs sont normalisés, au cours du dernier demi-siècle le public s’est également réapproprié le symbolisme des sorcières pour des causes positives telles que la lutte pour l'égalité des sexes et l'autonomisation.