L'avant-garde dynamitée

Par Franziska Peschel Changer en allemand pour l'article original

Comme Esch-sur-Alzette, Novi Sad porte cette année le titre de capitale européenne de la culture. La deuxième plus grande ville de Serbie possède un riche héritage de scène alternative. Beaucoup la voient menacée par l'institutionnalisation de la culture, dont la capitale culturelle est devenue le symbole. Le Lëtzebuerger Journal vous emmène à sa découverte – autour d’un café évidemment.

Alors que le soleil couchant incite les promeneur·euse·s à manger du pop-corn sur la promenade du Danube, en contrebas du barrage, sur le site des forges abandonnées, seul un petit vieillard à casquette fait sa ronde. Le gardien discute avec les jeunes qui se réunissent ici pour fumer des joints, trottine sur les pavés propres, jette de temps en temps un coup d'œil dans les locaux délabrés. Là où il y avait des portes, il y a aujourd'hui des passages vers des tas de ferraille. Dans les anciens ateliers, il y a des gravats, des tuyaux en plastique, des coussins de canapé humides, du crépi décollé. Les murs pourrissent, l'eau y a laissé des traces vertes et de la moisissure. De nouveaux bancs et lampadaires anthracite se détachent, polis, les allées sont repavées. Les quelques halls à l’avant ont été modernisés, peints en blanc et laissent à peine deviner le caractère de l'usine délabrée. 

Pendant des décennies, après la fermeture des usines de la zone industrielle située entre le Danube et le parc Liman, des artistes et des créatif·ive·s s'y sont installé·e·s, appelant le quartier Chinatown. Aujourd'hui, presque personne ne peut dire pourquoi. Le terrain s'étend sur 11.000 m2 et de sa boue sont sortis quelques noms qui ont percé dans les cercles culturels internationaux. Après la Première Guerre mondiale, le site a permis à l'industrie de la deuxième plus grande ville de Serbie de se développer et, avec elle, la croissance démographique. Dans les années 1980, le site, aujourd'hui abandonné, est devenu le pouls de la scène culturelle serbe underground. Il y a quelques années, la municipalité a reconnu le potentiel – Chinatown fait désormais partie de l'infrastructure culturelle de la ville.

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