
La guerre en Ukraine et la présidence de Donald Trump aux États-Unis bouleversent l'Europe au sens géographique du terme et en particulier les pays d'Europe de l'Est. Un choc que l'UE doit affronter pour continuer d'exister selon Josip Glaurdic, directeur de l'Institut de science politique de l'université du Luxembourg.
Une fois l'URSS effondrée, la paix et la liberté étaient réputées régner sur le continent européen – même si la guerre des Balkans a encore fait couler le sang entre les peuples de l'ex-Yougoslavie jusqu'en 1999. Les années 2000 devaient être celles de la stabilité retrouvée avec comme point d'orgue l'élargissement massif de l'Union européenne, passant de 15 à 27 pays avec l'adhésion des pays baltes, de la Pologne, de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Roumanie et de la Bulgarie sans oublier Chypre et Malte. Puis à 28 avec la Croatie en 2013. Une sérénité assombrie par l'intervention russe en Géorgie en 2008 et l'annexion de la Crimée par la même Russie à l'hiver 2014, expressions d'un impérialisme revigoré. Et dissipée pour longtemps avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
De manière assez spectaculaire, ce séisme géopolitique a changé le regard de l'UE sur ses membres d'Europe de l'Est, qui traînaient encore le cliché de démocraties récentes et moins protectrices des valeurs européennes que leurs aînées. Critiquée pour ses réformes entachant l'indépendance de la justice ou ses mesures anti-LGBT, la Pologne est soudainement apparue comme un rempart solide contre la Russie et un soutien indéfectible de l'Ukraine et de ses réfugiés. "Qu'est-ce qui était plus dangereux et moins conforme aux valeurs européennes, le gouvernement conservateur de la Pologne qui était clairement en désaccord avec les valeurs de l'Europe occidentale quand il s'agit des droits des personnes LGBTQ ? Ou bien la politique de 'Wandel durch Handel' (changement par le commerce, qui compte sur le fait que les relations commerciales finissent par favoriser une transition démocratique dans le pays cible, en l'occurrence la Russie, ndlr) de l'ex-chancelière allemande Angela Merkel ?", pointe Josip Glaurdic, directeur de l'Institut de science politique de l'université du Luxembourg. "Je dirais que c'est cette dernière, sans aucun doute, qui était la plus dangereuse pour le projet européen. C'est ce dont nous nous sommes rendu compte en février 2022. C'était une politique à courte vue, qui était en fin de compte même anti-européenne et qui nous a fait reculer de plusieurs décennies."
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