« La dépendance dicte tout »

Par Christian BlockLex Kleren Changer en allemand pour l'article original

Benoît Leonardis est un ancien dépendant au crack. Cette dépendance a brisé beaucoup de choses dans sa vie. Pourtant, il a eu plus de chance que d'autres. Aujourd'hui, il veut être un modèle pour les jeunes et déplore l’absence de prise en charge pour les personnes qui reviennent de thérapie.

Un mardi après-midi de juillet dans une salle de sport, Benoît Leonardis nous accueille. Une attitude amicale, une poignée de main ferme. Quelques semaines plus tôt, le quadragénaire avait accepté la demande d'interview le jour même. S'il peut aider une seule personne avec son histoire, cela en vaut la peine, raconte-t-il un peu plus tard. Le lieu de rencontre ne s'est pas imposé comme ça. Le centre de fitness est comme une deuxième maison, dit-il. C'est un lieu qui rend fort, au sens propre du terme. Dans la tête aussi.

Lorsqu’il rentre de sa thérapie à l'étranger en novembre 2018, c'est l'une de ses premières priorités. « Je savais très bien qu'à mon retour je devrais conserver mon cadre et différentes habitudes ». Ce qu'il apprécie dans ce studio relativement petit, c'est l'atmosphère familiale. Ici, tout le monde se connaît. Pendant qu'il nous fait visiter et qu'il pose pour la caméra, il est toujours poli, écoute attentivement et se montre aimable avec les autres visiteur∙euse∙s du centre de fitness. Entretenir des relations sociales : C'est aussi une chose à laquelle il a dû se réhabituer après la phase de l’addiction à la drogue. « C'était important pour moi de maintenir le contact social ici ».

La description qu'il fait de lui-même durant son enfance et son adolescence donne une autre image. Garçon « turbulent », qui ne se calmait jamais, qui bougeait beaucoup et qui parlait beaucoup. Il avait des problèmes à l'école, ne trouvait pas vraiment sa place. Il attribue cela au fait de son origine italienne. A la maison, on ne parlait que le français. Aujourd'hui encore, il estime que son luxembourgeois n'est pas parfait. Pourtant, il le parle couramment. Adolescent, « je ne me sentais pas vraiment bien dans ma peau ». Il était très maigre. Il tente de masquer les déficits qu'il perçoit en parlant. « Tu t'inventes alors une vie, tu te fais plus grand et plus beau que tu n'es et un jour tu te perds dans cette identité », dit-il de lui-même. Dans sa jeunesse, il a joué au football. Mais il qualifie cet ancien « moi » d'arrogant. « Je ne respectais pas vraiment l'entraînement, je n'écoutais pas les gens ». Tout cela aurait rebondi sur lui. Il devient celui qui a toujours raison. À 20 ans, il est victime d'un accident de sport et se casse une jambe. « Cela m'a complètement déstabilisé ».

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