J’ai deux mots à vous rire - Scénario catastrophe
By Claude Frisoni Switch to French for original articleLa grève des scénaristes de Hollywood a inspiré à notre chroniqueur quelques scénarios catastrophe.
Depuis quelques jours, Hollywood tremble d’effroi. L’usine à rêves vit un véritable cauchemar. Aucun scénariste, même spécialisé dans les films d’horreur ou les films catastrophes n’aurait jamais imaginé une histoire aussi terrifiante. Les grands studios, les énormes compagnies cinématographiques qu’on appelle les majors, mais aussi les plateformes de contenu comme Netflix ou Prime Vidéo, risquent le chômage technique. Les scénaristes se sont mis en grève ! Quand on évoque les scénaristes d’outre Atlantique, on ne pense pas à l’écrivain isolé dans sa chambre, coincé dans l’intimité d’une pièce encombrée de livres et de carnets de notes ; on n'imagine pas le créateur solitaire, souvent anonyme et protégé par la solitude, concentré devant son ordinateur. Non, du côté de Los Angeles, le mot scénariste est le plus souvent utilisé au pluriel. On ne parle pas du scénariste d’une série à succès mais toujours des scénaristes du dernier blockbuster. Là-bas, on ne travaille pas seul face à la page blanche mais en équipe, en pool. Loin du cliché du génie littéraire enfermé dans sa tour d’ivoire, on est plus proche de l’image du groupe de galériens enchainés à leur rame et condamnés à pousser et tirer au rythme du tambour et des coups de fouet.
Alors, qu’est-ce qui a bien pu motiver la révolte de ces esclaves de la production cinématographique ? Un tel événement n’est pas courant. La dernière grève des scénaristes, qui remonte à 2007–2008, avait duré 100 jours et coûté deux milliards de dollars au secteur. Car un film ou une série, ça n’est pas qu’une vedette et des effets spéciaux. Il faut des cerveaux pour inventer des histoires. Et le système américain est ainsi fait que les auteurs ne sont payés qu’une fois. Si le produit de leur talent devient un immense succès, les fruits financiers de ce succès n’iront pas dans leurs poches mais uniquement dans celles des producteurs. C’est la différence entre le système des droits d’auteur créé par Beaumarchais en 1791, qui offre des royalties à l’auteur en fonction des recettes et des ventes et le copyright ultralibéral en vogue dans les pays anglosaxons, qui permet d’acheter une œuvre de l’esprit en la payant une fois pour toutes.
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