J’ai deux mots à vous rire - Comme on connaît ses saints…

By Claude Frisoni Article only available in French

Pour sa dernière chronique, Claude Frisoni s’est intéressé à Saint Schuman.

Les salariés luxembourgeois bénéficient d’un jour férié le 9 mai, grâce à Robert Schuman. C’est en effet le 9 mai 1950 que le Père de l’Europe prononça sa fameuse déclaration, qu’on appelle, justement le hasard faisant bien les choses, la Déclaration Schuman.

Il est bien normal que le Luxembourg commémore ce premier acte officiel de la construction européenne. D’abord, Schuman est très symbolique de la place du Luxembourg dans l’Europe Unie. Le grand homme est en effet né dans le faubourg de Clausen, d’un père français ayant quitté Metz pour ne pas vivre dans une région annexée, et d’une mère luxembourgeoise. On rappelle souvent que Schuman a parlé luxembourgeois et allemand avant même de parler français. Rien que de plus normal, donc, que de faire de ce père fondateur une sorte de héros national ou plutôt international.

Mais pour certains, ce statut de statue mémorielle ne suffit pas et le grand homme devrait devenir un saint homme. Ils veulent en effet que Schuman soit canonisé et devienne vraiment un saint. La procédure est d‘ailleurs en cours, puisque le 19 juin 2021, le pape François a autorisé la Congrégation des causes des saints à promulguer le décret concernant la reconnaissance de ses vertus héroïques. Il est ainsi devenu officiellement "vénérable".

L’affaire est donc sérieuse. Des responsables catholiques officiels vont faire de Robert Schuman un saint. Ça n’est pas courant. Au nom de quoi? Eh bien, voici ce que disent ces officiels: "L’héroïcité (pas l’héroïsme?) des vertus du candidat à la sainteté implique l’unité de vie et la cohérence. On ne peut pas être un saint et défendre une idéologie contraire à l’Évangile. Même si l’Église nous laisse libre de choisir nos politiques et même si c’est l’homme et non ses idées qui sont vénérables, les idées de Robert Schuman n’allaient pas à l’encontre de l’Évangile. Un saint peut se tromper, ou avoir raison, en politique, mais il ne peut pas être un idéologue opposé à l’enseignement de l’Église."

Fort bien. Le jour férié du 9 mai deviendra un de ces jours, la Saint Schuman. Impressionnant. Je reconnais que j’ai un faible pour certains saints, dont j’ignore pourtant les exploits. Saint Estèphe ou Saint Émilion ont ma préférence même si je ne méprise pas Saint Raphaël ou Saint Zano. Quant à Saint Pathique, je le fête régulièrement.

Ainsi donc, Saint Schuman n’aurait pas défendu d’idées allant à l’encontre de l’Évangile. Vraiment? Oublions son vote des pleins pouvoirs à Pétain en 1940, la période trouble pouvant excuser bien des errances.

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