Undercover : sur la piste des détectives
Par Laura Tomassini, Lex Kleren Changer en allemand pour l'article originalOn les connaît surtout dans les films, mais ils sont aussi actifs dans la vie réelle : les détectives privé·e·s qui mènent leurs enquêtes sans se faire remarquer et sans faire de vagues. Leurs rapports sont considérés comme des preuves dans les affaires de litige et devant les tribunaux, car si quelqu'un peut découvrir quelque chose, c'est bien eux.
Ils ont connu leur heure de gloire dans les romans du XIXe siècle et continuent aujourd'hui encore d'alimenter le suspense à l'écran : Hercule Poirot, le détective un peu prétentieux d'Agatha Christie, Miss Marple, la fouineuse amateur de la même auteure, ainsi que le fameux détective privé Sherlock Holmes de l'écrivain britannique Arthur Conan Doyle. Alors que ces personnages fictifs cultes ont mis fin aux agissements de plus d'un criminel grâce à leur flair pour les énigmes, les pistes et les contextes compliqués et ont récolté gloire et honneur dans le monde entier pour la résolution de leurs affaires, l'écho du travail des détectives privés dans la vie réelle est souvent un peu différent.
Sur les presque 3.000 enquêteurs et enquêtrices privé·e·s que comptait la France à l'époque, il n'en reste aujourd'hui qu'à peine 300, au Luxembourg le nombre exact est inconnu. En 2015, les projecteurs se sont cependant à nouveau braqués sur ce secteur professionnel qui reste habituellement dans l'ombre – au profit des enquêteurs et enquêtrices eux-mêmes, mais surtout de leurs « victimes ». Il y a six ans, quatre pilotes de la compagnie aérienne luxembourgeoise Cargolux sont devenus ces dernières. Lors des entretiens de licenciement après les congés maladie des commandants de bord, des détails explosifs de leur vie privée ont été mis sur le tapis, ce qui a incité le Lëtzebuerger Chrëschtleche Gewerkschaftsbond (LCGB) à enquêter.
Dans le respect des règles
En effet, l'employeur avait engagé des enquêteurs et enquêtrices privé·e·s pour surveiller les employé·e·s concerné·e·s et contrôler le respect de leurs congés de maladie, mais la question de la légitimité de cette démarche se posait. Depuis l'affaire, il est clair que les rapports des détectives privé·e·s dans les demandes de contentieux ont une base légale – pour autant qu'ils aient été établis dans des conditions correctes. « Pour être valables devant un tribunal, les méthodes d'enquête doivent être légales. On ne peut ni mettre quelqu'un sur écoute, ni fouiller les boîtes aux lettres, ni l'observer pendant une durée disproportionnée. Mais surtout, en tant que détective privé, on ne doit jamais s'immiscer dans la vie privée des suspects », explique Pascal Bonnet.
Français d'origine, il travaille depuis 33 ans comme enquêteur privé et est directeur exécutif pour les affaires européennes au Conseil National Supérieur Professionnel des Agents de Recherches Privées (CNSP-ARP), la chambre professionnelle des détectives français·es. Le Grand-Duché fait également partie du champ d'action de Bonnet, car le détective y bénéficie de bons contacts avec plusieurs cabinets d'avocats. « Nous travaillons depuis plus de dix ans avec M. Bonnet, surtout en raison de son expertise. Il a étudié le droit et sait exactement comment rédiger ses rapports, de sorte que la plupart des affaires peuvent être réglées en dehors du tribunal », confirme un de ses partenaires avocats.
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