Turbulences pour les investissements ETF passifs au Luxembourg

Par Sherley De DeurwaerderLex Kleren Changer en anglais pour l'article original

Les ETF sont présentés comme des outils peu coûteux et peu contraignants, idéaux pour investir sans intervention. Mais lorsque les marchés boursiers vacillent soudainement et que la géopolitique sème la panique, même les stratégies passives sont confrontées à des décisions difficiles. Ce qu'un printemps agité révèle sur l'aspect émotionnel de stratégies supposées dénuées d'émotions.

"Je pense que j'ai perdu tout ce que j'avais gagné au cours des six dernières années. C'est un coup dur." Matthew (nom modifié par la rédaction) grimace lors d'un appel vidéo en avril 2025. Nous lui parlons pour la première fois alors que les marchés boursiers sont en train d'absorber le choc des nouveaux tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine. Les ETF, c'est-à-dire les fonds négociés en bourse (lire notre précédent article), ont été frappés de plein fouet, l'indice MSCI World ayant chuté de 10% en l'espace d'un mois : sa plus forte baisse depuis la crise du Covid-19. Matthew semble tendu, nerveux, incertain, mais il essaie de garder son calme. Il a commencé à investir dans les ETF à la mi-2019.

"J'ai commencé à m'intéresser aux ETF en raison de la faiblesse des taux d'intérêt à cette époque. Avant cela, j'étais un épargnant plutôt conservateur…" Après avoir réalisé que l'épargne traditionnelle n'avait guère rapporté au cours de la dernière décennie, il a progressivement cherché des conseils, pour finalement se tourner vers les ETF. Il nous explique que son portefeuille est composé à 70% de MSCI World et à 30% de MSCI Emerging Markets, selon la répartition passive classique. "Juste après mes débuts, le krach Covid-19 a frappé. J'ai paniqué pendant un court instant, mais pour être honnête, la seule véritable approche en matière d'investissement est d'avoir un plan à long terme et de s'y tenir." Il hausse les épaules. "J'ai donc tenu bon."

"Pourquoi ne devrais-je pas participer à cela ?"

Serge Weyland, directeur général de l'Association luxembourgeoise de l'industrie des fonds (Alfi), considère que l'attrait des ETF va au-delà de leur caractère abordable. "À mon avis, la facilité d'accès est probablement le principal moteur. Les ETF sont généralement disponibles sur les plateformes de courtage. Vous pouvez les acheter en même temps que des actions et des obligations, et ils constituent un moyen simple et efficace de diversifier vos investissements Cette facilité d'accès se développe. M. Weyland estime que l'essor des néobanques, des courtiers en ligne et même des outils de conseil pilotés par l'IA accélère encore l'adoption des ETF, en particulier parmi les investisseur·euse·s privé·e·s.

Thorsten Lehnert est professeur titulaire de finance à l'université du Luxembourg. Ses recherches portent, entre autres, sur la psychologie des investisseur·euse·s et la volatilité des marchés. "L'investissement devient plus facile avec le temps", ajoute-t-il. "Ce n'est pas parce que les gens sont mieux éduqués ou qu'ils réfléchissent beaucoup avant de prendre des décisions." Il souligne plutôt le caractère très individuel, presque isolé, du processus d'investissement moderne, qui s'effectue souvent en quelques clics sur un smartphone. "La disponibilité des applications modifie la façon dont les gens prennent leurs décisions. Autrefois, on appelait son courtier et on lui disait : 'Écoutez, je veux acheter X, Y, Z.' Cet échange nécessitait plus de réflexion que l'ouverture de l'application Revolut."

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