Se faire livrer à manger, quoi de plus normal dans une société digitalisée. Les services de livraison à domicile sont de plus en plus nombreux au Luxembourg. Mais cela pose des questions de sécurité car les livreurs ont accès aux numéros de téléphone et adresses de leurs client·e·s. Trois femmes témoignent pour le Journal du jour où elles ont craint pour leur sécurité.
Séverine se souviendra longtemps de ce fast-food commandé rapidement. En 2018, alors qu’elle garde chez elle l’enfant d’une amie âgé de deux ans, elle commande son dîner dans un fast-food et passe par une plateforme pour se faire livrer sa commande. Le livreur arrive, elle descend avec l’enfant pour récupérer sa commande, s’ensuit un « simple échange de politesses où il complimente l’enfant », mais rien de plus. Séverine remonte chez elle et la soirée se passe tout à fait normalement.
C’est seulement le lendemain qu’elle reçoit une demande de message sur Facebook. Elle reconnaît immédiatement le livreur de la veille à sa photo de profil. Il mentionne « toi et ton enfant » et explique qu’il aimerait mieux la connaître. Séverine ne donne pas suite à ce message. Mais ce ne sera pas le dernier. « J’ai lu la demande mais je ne l’ai pas acceptée, il n’avait aucun moyen de savoir si j’avais lu le message ou pas. J’ai choisi de l’ignorer mais il ne s’est pas arrêté là, il a insisté en me relançant pas moins de quatre fois, toujours avec des messages », explique la jeune femme, aujourd’hui âgée de 34 ans. Elle choisit de continuer à ignorer ses sollicitations. Mais le livreur éconduit ne s’arrête pas aux messages. Trois jours plus tard, Séverine sort de chez elle pour se rendre à la salle de sport… et tombe nez à nez avec le livreur qui l’attendait. « Je vis au-dessus d’un local commercial, il n’y a donc pas de sonnette pour mon appartement. Je ne sais pas depuis combien de temps il m’attendait mais il était là ! », raconte-t-elle. Surprise, elle n’a même pas le temps d’avoir peur et lui dit calmement mais fermement qu’elle n’est pas intéressée. « J’ai dû prétendre que j’étais en couple pour m’en débarrasser, heureusement il n’a plus insisté et est simplement parti », poursuit-elle.
C’est en racontant cette mauvaise expérience à son entourage qu’elle réalise que les choses auraient pu prendre une autre tournure. « J’étais tellement surprise que je n’ai pas réalisé que les conséquences auraient pu être tout autre. Que ce type aurait pu continuer son harcèlement », d’autant que Séverine a déjà été suivie pendant plusieurs semaines par un homme plus âgé alors qu’elle n’avait que 16 ans. Ce dernier avait obtenu ses coordonnées via son travail à la banque, et s’était même introduit chez elle, heureusement en présence de ses parents. La police n’avait pas été serviable à l’époque, bien au contraire : « Mon père a appelé la police. Les agents ont minimisé ce qui m’arrivait en disant qu’il s’agissait juste d’un amoureux éconduit, que je n’allais pas lui gâcher la vie en portant plainte. » De fait, elle n’a pas confiance aujourd’hui dans les autorités pour porter plainte au sujet du livreur : « Ça ne servirait à rien », conclue-t-elle.
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