L'Horeca manque de bras

Par Audrey SomnardLex Kleren

L'Horeca souffre d'une pénurie de candidat·e·s qui depuis la crise Covid boudent les bas salaires et les horaires décalés. Une situation difficile à gérer pour les responsables.

Un soir de semaine dans une salle de concert de la capitale. Il faut se frayer un chemin pour accéder au bar et espérer commander une bière. Espérer est bien le mot car une jeune serveuse, visiblement inexpérimentée, est bien seule pour gérer une horde de client·e·s assoiffé·e·s. La commande est laborieuse, résultat on se contentera d'une seule consommation pendant le spectacle. Quelques jours plus tôt déjeuner entre collègues place de Paris, quelques rares éclaircies ont attiré les client·e·s en terrasse. Là aussi la serveuse est visiblement débordée, "je suis toute seule aujourd'hui", glisse-t-elle, alors que nous sommes dans le coup de feu de midi. Elle n'a pas une seconde à elle, les client·e·s attendent pour commander ou pour payer, alors que le temps presse. Ces expériences deviennent monnaie courante, en particulier depuis la crise Covid. Pendant des semaines, voire des mois, le secteur de l'Horeca a été mis à terre. Les employé·e·s mis au chômage technique ont redécouvert les joies de la vie de famille et des horaires de journée. Et beaucoup n'ont pas souhaité retourner à une vie en décalage. Trois ans plus tard les stigmates sont toujours présents et le secteur n'est jamais vraiment retourné à la normale.

Fabio* était gérant d'un bar connu de la capitale, de 2020 à 2023. Il aimait le contact avec la clientèle, le monde de la nuit, voir les groupes qui venaient en concert et dont il pouvait profiter. Les horaires, 17h-1h, ne le dérangeaient pas. Puis tout a changé avec la venue d'un nouveau patron, qui a fait fuir en quelques semaines tou·te·s les employé·e·s : "J'étais responsable et du jour au lendemain j'étais recalé à faire la vaisselle… J'ai compris que tout ce que j'avais apporté à l'établissement n'intéressait pas le nouveau patron, je suis donc parti, et les autres n'ont pas tardé à suivre." Ce dernier indique qu'aujourd'hui le nouveau patron ne fait signer que des contrats de 20 ou 30 heures par semaines, à des étudiant·e·s qui ne peuvent pas se permettre de se plaindre. Des jeunes inexpérimenté·e·s et qui ne sont parfois pas très motivé·e·s : "C'est une catastrophe, le service est vraiment mauvais, les clients attendent beaucoup trop longtemps. Je connais un autre patron dans un bar où je fais parfois des extras qui n'arrive pas à trouver de personnel qui reste. Il a eu trois responsables en trois ans ! Mais il fait des économies de bout de chandelle sur le personnel qui du coup n'est pas motivé et ne reste pas", estime Fabio.

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