De nos jours, les commérages ont souvent mauvaise presse. Cependant, l'opinion populaire à l'égard des conversations futiles contraste avec les connaissances scientifiques qui louent leurs motivations prosociales. Pour cette première partie, le Lëtzebueger Journal s'est penché sur la science des ragots et a discuté avec un chercheur en communication, un psychologue et un anthropologue.
Vous le faites, nous le faisons, tout le monde le fait : parler des autres en leur absence. On estime qu'environ deux tiers du temps de conversation des gens est consacré à parler d'autres personnes qui ne sont pas présentes. Et si ce passe-temps très populaire revêt des formes et des fonctions diverses, le commérage, c'est-à-dire les discussions oiseuses et les histoires racontées dans le dos des gens, a acquis une réputation douteuse, pour des raisons évidentes. Certes, les conspirations sournoises lors d'un café, les rumeurs sournoises entre collègues sur le lieu de travail ou les intrigues de célébrités révélées par les tabloïds ne sont guère bienveillantes et sont intuitivement condamnées par la plupart d'entre nous. Pourtant, sous sa forme la moins malveillante, le commérage est scientifiquement considéré comme le fondement des relations sociales humaines.
À l'origine de chaque ragot qui se propage, il y a une conversation. "La conversation, c'est-à-dire l'échange informel d'idées entre individus, est le principal moyen pour nous, humains, de nous socialiser afin de participer à la société. À travers les conversations, nous développons notre perception de certains sujets et de la société elle-même et apprenons à connaître différents points de vue, ce qui est à la base de notre prise de décision et de notre formation d'opinion", explique Stéphanie Lukasik, chercheuse à l'université du Luxembourg et docteure en études de l'information, de la communication et des médias. Elle est l'autrice de l'ouvrage scientifique L'influence des leaders d'opinion : un modèle pour l'étude des usages et de la réception des réseaux socionumériques.
Accède à la suite du contenu.
-
Abonnement annuel185,00 €/an
-
Abonnement mensuel18,50 €/mois
-
Zukunftsabo pour abonné·e·s en-dessous de l'âge de 26 ans120,00 €/an
As-tu déjà un compte ?
Connecte-toi