Alors que des sorcières ont été innocentées 400 ans après, Claude Frisoni s’étonne qu’on réclame le bûcher pour la Palme d’Or.
Les élus du Connecticut ont adopté la semaine dernière une résolution proclamant l’innocence de neuf femmes pendues au milieu du 17ème siècle pour sorcellerie. Une association regroupant des descendants des condamnées, le CT Witch Trial Exoneration Project s’est félicité du vote des élus après avoir mené une campagne en faveur de leur réhabilitation. J’en entends déjà ricaner en murmurant "tu parles, ça leur fait une belle jambe 400 ans après". Alors que d’autres, plus sérieux s’interrogent : "mais pourquoi les réhabiliter. A-t-on des éléments nouveaux ? Des preuves de leur innocence ? Une enquête a-t-elle démontrée que l’accusation s’était trompée et qu’il s’agissait bien d’une erreur judiciaire ?". C’est en effet, la bonne question. Car des sorcières brûlées, il n’y en a pas eu uniquement en Amérique.
Dans nos régions civilisées, c’est par milliers qu’on s’est débarrassé de ces suppôts de Satan. En Europe, entre 1450 et 1750, il y aurait eu selon des estimations sérieuses entre 50.000 et 80.000 victimes, la plupart des femmes. C’est bien normal. Car un homme n’est jamais une sorcière. Il peut être un alchimiste, un philosophe, un enchanteur, un ermite… mais jamais une sorcière. Au Luxembourg, les femmes représentaient 76% des accusés. Au Royaume Uni des Pays Bas, dont le Luxembourg faisait partie à l’époque, il y aurait eu entre 1.560 et 1.683 de 2.500 à 3.000 procédures dont au moins 2.000 se sont soldées par la peine de mort.
De récentes recherches universitaires concernant cette période en Europe permettent d’établir un certain nombre de points communs dans les modèles d’accusation et de condamnation. Les dénonciations étaient généralement anonymes et tout était fait pour préserver cet anonymat, ce qui était une incitation à la délation. Plus tard, ce sont les juifs que des braves gens dénonçaient discrètement, avec la même ferveur.
Accède à la suite du contenu.
-
Abonnement annuel185,00 €/an
-
Abonnement mensuel18,50 €/mois
-
Zukunftsabo pour abonné·e·s en-dessous de l'âge de 26 ans120,00 €/an
As-tu déjà un compte ?
Connecte-toi