J'ai deux mots à vous rire - Olympiades ou eaux limpides?

Par Claude Frisoni

Pas satisfait du tableau des médailles, notre chroniqueur souhaite sa disparition.

Cet événement quadri annuel, outre qu’il tombe à chaque fois qu’on est obligé de travailler un jour de plus, c’est à dire les années bissextiles, fascine le monde comme peu d’autres. Même l’Eurovision de la Chanson ou le divorce annuel de Britney Spears, même les descentes en ligue 2 bisannuelles du FC Metz ou les raclées électorales mensuelles de Macron ne provoquent pas autant d’intérêt médiatique que les JO.

Car il ne s’agit pas seulement de sportifs se confrontant lors de compétitions parfois bizarres, comme ces mecs roulant à toute vitesse sur des mini-vélos bizarres appelés BMX, (sans doute par opposition à BMW), mais de toute une mythologie.

En effet, il est dit et répété que ces Jeux Olympiques sont une manifestation prônant la paix, rapprochant les peuples, symbolisant la concorde et l’harmonie, favorisant la fraternité, glorifiant l’amitié et le fair play… bref une concrétisation miraculeuse des plus enthousiasmantes utopies.

Faut-il rappeler que le fondateur de la version moderne de ces jeux, le dénommé de Coubertin n’avait rien d’un pacifiste, en citant par exemple cet extrait d’un de ses articles publié en 1912 "Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle humeur, accoutumance à l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles. Le jeune sportsman se sent évidemment mieux préparé à partir que ne le furent ses aînés. Et quand on se sent préparé à quelque chose, on le fait plus volontiers" ? Faut-il évoquer le délire nazi des jeux de Berlin en 1936 ?

Pas besoin. Pour mesurer l’absurdité de ce bazar, il suffit de se demander à quoi il ressemblerait si la plus belle, la plus merveilleuse, la plus excitante de toutes les utopies, résumée en une phrase par le grand Victor Hugo, devenait réalité. "Avoir pour patrie le monde et pour nation l’humanité" souhaitait le poète.

Si par un bienheureux miracle son vœu se réalisait, qu’adviendrait-il du comptage national des médailles ? Des hymnes nationaux pour la plus haute marche du podium ? Des drapeaux et des fanions ? Des victoires et des défaites. Des discours martiaux et des promesses de revanche ? Des officiels et des tralalas ? Des insultes et des encouragements ? Des recours et des rancœurs ? Comment saurait-on quelle est la place respective de ceux qui se haïssent dans le classement ?

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