J’ai deux mots à vous rire - No pain, no baguette

Par Claude Frisoni

Bien que fils de boulanger, notre chroniqueur émet des doutes sur la qualité des baguettes contemporaines.

Ainsi donc, l’Unesco a décidé de classer la baguette française au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La baguette ! Pas celle qui permettait à Herbert von Karajan de faire oublier son adhésion dès 1933 au parti nazi, mais celle qui faisait la gloire du père du soussigné. Celui-ci s’enorgueillissait de pétrir, façonner et cuire les meilleures baguettes du monde. Il le faisait sans prétention ni vantardise, avec la passion tenace mais discrète de l’artiste amoureux de son art.

Pourtant, malgré son savoir-faire unanimement reconnu, son amour du travail bien fait et sa vénération pour le pain et la boulange, il ne lui serait jamais venu à l’esprit de se baptiser « artiste boulanger » comme le font de nombreux coiffeurs. Non, ils ne se prétendent pas artistes boulangers, je me suis mal exprimé. Ils installent devant leurs salons des enseignes proclamant fièrement « artiste coiffeur ». Je n’ai rien contre les coiffeurs (je suis même si fidèle au mien, officiant rue des Bains, qu’il m’arrive de laisser pousser mes cheveux au-delà du raisonnable juste pour éviter d‘avoir à les confier à un inconnu), mais je ne comprendrai jamais pourquoi les membres de cette profession ont choisi de se déshonorer en s’affublant de noms aussi ridicules. Atmosphair ! Non mais franchement ! Pach’air ! Sérieusement ? Cap’tif. Vraiment ? Hémisp’hair. Honnêtement ? Le moins pire restant « Diminue tifs ».

Mais tout cela est affligeant et ne donne guère envie de laisser ce genre de personnages, capables de telles bassesses linguistiques, approcher des machins aiguisés de ce qui protège notre boite crânienne. Car à l’intérieur de ladite boîte, il y a un truc fragile qui pourrait, amputé à coups de ciseaux, choisir d’appeler un salon « Aux cheveux de course ». Quand on s’attend au pire, on n’est jamais déçu.

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