J'ai deux mots à vous rire - Le bon vouloir…

Par Claude Frisoni

Notre chroniqueur oppose des "voudrais" aux vœux.

Parmi les sentences énoncées par ma grand-mère pour me faire marcher un peu plus droit, il en est qui résonnent encore dans ma tête. L’une d’entre elles me revient particulièrement ces temps-ci. Quand j’exprimais trop brutalement une volonté ou un désir, affirmant un peu trop haut et fort "je veux", peu importe ce que je voulais d’ailleurs, je faisais savoir que je le voulais ; alors, la vieille dame pleine de sagesse me rappelait calmement cette courte phrase que des tas de sales gosses comme moi ont dû entendre : "Les rois disaient 'nous voulons'". Voici le sens de cette phrase, selon le Dictionnaire de la langue française : "Par allusion à l'usage des rois, qui s'expriment à la première personne du pluriel, réponse qu'on fait aux enfants impérieux qui exigent en disant 'je veux…', pour les remettre à leur place."

Voilà, ma grand-mère ne se référait au pluriel de majesté que pour faire savoir au môme exigeant qu’il ferait bien de baisser le ton. Au lieu de "je veux", il était préférable de dire je voudrais bien ou j’aimerais bien. Il ne serait sans doute pas inutile de remettre au goût du jour ce rappel salutaire ; "les rois disaient 'nous voulons'". Son injonction suffisait à me faire changer de registre et à utiliser un conditionnel plus approprié.

Bien plus tard, j’ai eu le sentiment d’être puni par là où j’avais péché, en devant utiliser les verbes vouloir et exiger. C’était une obligation assez pénible. Tous les comédiens qui ont dû se plier à cet exercice de diction avant d’entrer en scène en conviendront, répéter : "Je veux et j’exige, j’exige (z’) et je veux" à toute vitesse peut conduire à se coincer la langue dans une prémolaire. La variante "je veux et j’exige d’exquises excuses" n’étant pas moins cruelle pour le pauvre diseur.

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