J’ai deux mots à vous rire - La grandeur et la taille

Par Claude Frisoni

Plein de chagrin, notre chroniqueur évoque une personnalité hors du commun.

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Il n’est point besoin d’être très grand pour avoir de la grandeur. Pas plus qu’il n’est utile d’avoir une particule pour avoir de la noblesse. Attention, pas pour être un aristocrate au sens propre du mot, désignant une personne bénéficiant de privilèges héréditaires. Qui s’est juste donné la peine de naître pour cumuler pouvoir et richesses, avantages et prébendes. Non, un aristocrate au sens de la vraie noblesse, terme qui qualifierait une personne exceptionnelle, se démarquant par ses qualités humaines, ses talents et ses mérites.

Il en existe bien peu, de ces femmes ou de ces hommes à qui on reconnaît cette noblesse du cœur et de l’esprit. Pourtant, une de ces personnalités hors du commun vient de nous quitter. Un homme dont la rencontre marque une vie. La mienne l’a été, comme celle des chanceux qui ont croisé la route de Guy de Muyser.

Il n’est point besoin d’être grand pour avoir de la grandeur ? Pourtant Guy de Muyser portait beau sa haute taille, sa silhouette fine et élancée, gravissant avec souplesse les marches quatre à quatre, en se revendiquant de la tradition des chamois de Wiltz. Plus grand que la plupart de ses interlocuteurs, il trouvait pourtant le moyen de ne jamais les regarder de haut.

Il n’est pas utile d’avoir une particule pour être un authentique aristocrate ? Pourtant Guy de Muyser ne se vantait pas du 'de' de son patronyme, pas plus qu’il ne le dissimulait. Les apparences ridicules, les particules qui gesticulent, les titres qui intitulent, les prétentions qui capitulent, les faux semblants qui dissimulent… il s’en moquait. Malgré son profond respect pour sa mission, n’avait-il pas demandé au Grand-Duc Jean, comme il se plaisir à le raconter, le privilège d’ôter le qualificatif Grand à son titre de Grand Maréchal de la Cour ? Le sage Grand-Duc lui avait alors répondu : "Soit, vous ne serez donc plus que Maréchal de la Cour, sans le mot grand. À condition que, pour ce qui me concerne, je puisse rester Grand-Duc."

Considérant chacune de ses missions comme une tâche à accomplir, à l’image d’un artisan soignant le moindre aspect de son travail, il ignorait le mépris ou la condescendance. Plein d’humilité et de modestie, il s’attachait à valoriser les autres, à respecter les plus faibles, à aider les moins favorisés, à révéler les talents des moins valorisés.

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