J'ai deux mots à vous rire - Commission impassible

Par Claude Frisoni

Claude Frisoni s’inquiète de voir son pays d’adoption devenir aussi nul que son pays natal.

Je n’ai jamais eu le plaisir de rencontrer Alborz Teymoorzadeh. C’est sans doute ce qui explique mes hésitations à orthographier son nom. Alborz est un jeune homme fort sympathique, étudiant brillant et artiste apprécié que le minsitère de l’Intérieur a pourtant sommé de quitter le territoire luxembourgeois avant le 6 octobre. C’est un article du Land, puis un post du directeur de la Kufa, qui ont révélé cette scandaleuse histoire. En effet, comme son nom le laisse supposer, Alborz Teymoorzadeh n’est pas un ressortissant d’un pays membre de l’UE. Alborz vient d’un pays où les femmes sont lapidées, les artistes enfermés, les opposants pendus, les athées opprimés. Pardon? Non, non, ce pays n’est pas l’Arabie Saoudite. Je sais bien, tout ça existe en Arabie Saoudite, mais cet état théocratique est un allié, un ami. L’Arabie Saoudite, c’est les gentils. Ils ont battu le record d’exécutions capitales cette année, mais gentiment. Alors que le pays d’où vient Alborz, c’est les méchants. Ça s’appelle l’Iran. Au concours des méchants, l’Iran est placé très haut. On peut donc comprendre qu’Alborz ait préféré vivre au Luxembourg plutôt que chez les méchants. Mais une commission consultative a décidé de le mettre à la porte. Dehors, le mec avec un nom à y coucher… dehors.

Alborz, n’a violé aucune loi de son pays d’accueil. Il n’a commis aucun crime. Même pas un délit. Il a été un étudiant brillant à l’université et y a laissé un très bon souvenir. Il n’a pas volé, pas tué. Il n’est pas un mafieux planqué au Grand-Duché. Pas un type louche roulant en grosse bagnole sans qu’on en sache long sur son CV ou l’origine de son pognon. Il n’était même pas un mendiant. C’est dire ! Au contraire, d’importantes institutions culturelles de la place lui ont écrit d’élogieuses lettres de commandation.

Pourquoi donc lui intimer l’ordre de déguerpir ? Il faut lire l’argumentaire de la commission qui a pris la décision. Oui, il faut le lire… pour le croire. La dite Commission, à l’école primaire on l’appellerait la grosse commission, décrète péremptoirement que les activités d’Alborz "n’apportent pas de véritable plus-value en termes d’intérêts economiques pour le Luxembourg, ne servent pas réellement les intérêts du pays et ne peuvent pas être considérés comme une intégration dans le contexte économique national ou local". Authentique, mais vrai.

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