Humanitaires sous tension

Par Audrey SomnardLex Kleren

Le retour des talibans en Afghanistan est synonyme de grandes difficultés pour les femmes. Les ONG présentes sur place continuent encore leurs activités mais dans un contexte de plus en plus précaire. Explications.

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Les talibans, qui ont pris le pouvoir à Kaboul à la mi-août 2021, ont interdit à quelques jours d’intervalle aux femmes et aux filles de poursuivre des études universitaires et, depuis le 24 décembre 2022, de travailler dans des ONG nationales ou internationales. Un coup de massue pour toutes les organisations présentes sur place qui aident une population fortement affaiblie pour un pays en conflit constant depuis plusieurs décennies. Les ONG dépendent en effet d’un personnel local féminin qui est indispensable au bon fonctionnement de l’aide apportée. Notamment dans le domaine de la santé. "La plupart des partenaires de santé ont conseillé à leur personnel féminin dans leurs bureaux de pays et de terrain de travailler à domicile", a précisé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), relevant aussi que "la plupart des ONG nationales n’ont pas suspendu la prestation de services de santé par le biais de structures sanitaires fixes ou d’équipes sanitaires mobiles".

"Les femmes représentent plus de 51% de notre personnel médical, soit environ 900 docteurs, infirmières et autres professionnelles de santé qui s’efforcent de prodiguer les meilleurs soins possibles à des milliers d’Afghans. Cette dernière directive est une étape de plus dans la mise en œuvre d’une politique qui vise à expurger de la vie publique toute présence féminine, et ce au détriment de tous et de toutes", selon Filipe Ribeiro, représentant pays MSF en Afghanistan.

Nous avons rencontré Eric Weerts, spécialiste réadaptation chez Handicap International, de retour à Luxembourg entre deux missions en Afghanistan. Il connait bien le pays : "Je travaille avec Handicap International depuis 1991, d’abord surtout en Asie du Sud-Est, j’ai été dispatché en Afghanistan lors d’une crise. C'est lors de ma deuxième expérience où j'ai commencé à être plus régulier en Afghanistan. Mon premier contact était en 2001–2002 juste après la dégringolade des talibans, j'avais assuré un projet pendant un ou deux mois sur l'accueil de nos collaborateurs afghans qui avaient fui au Pakistan après la reprise de la coalition du Nord. C’est là où j'ai appris un petit peu à travailler sur les différents programmes de l'Afghanistan, notamment un centre de réadaptation et les activités communautaires dans les zones des personnes déplacées ou les personnes vulnérables qui souffrent d'un handicap."

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