Enquête sur le mont de Vénus

Où faut-il creuser si l'on veut écrire l’histoire sexuelle à partir des grandes découvertes ? Les réponses à cette question sont nombreuses, mais il faut déjà dire une chose : pas dans le sol. Là, un∙e chercheur∙euse n'irait pas bien loin dans la recherche du clitoris et d'autres sujets de charme ou d'excitation. Ce domaine de recherche spécifique n'est pas du tout hermétique ; il réunit entre autres sous un même toit l'histoire du corps, la recherche sur le sexe et l'éducation ainsi que l'histoire sociale et politique. Une approche multiperspective et interdisciplinaire est indispensable. Avant de se consacrer aux scientifiques qui se consacrent à la recherche focalisée sur le Luxembourg, il est nécessaire de prendre temporairement du recul et de regarder au-delà des frontières nationales.

Des thématiques explosives

L'équipe de recherche d'Alfred Kinsey a déjà publié un rapport sur la sexualité des Américains de sexe masculin en 1947, mais elle a déclenché en 1953 ce que l'on appelle la « bombe Ki »¹. Le terme fait référence à la date de publication du deuxième rapport, qui s'intéressait à la sexualité des femmes américaines. Le même jour, l'opinion publique mondiale apprenait à la fois combien de femmes américaines se masturbaient en moyenne et avaient déjà eu des expériences avec des personnes du même sexe, et que l'Union soviétique disposait d'une bombe à hydrogène. Deux informations différentes avec une puissance explosive comparable. D'autant plus que les recherches de Kinsey ont montré que les résultats scientifiques différaient fondamentalement de la morale sexuelle dominante et que l'on ne pouvait plus ignorer cette divergence.