Éditorial - Promenade en forêt plutôt que dialogue social

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Nous ne savons pas si le Premier ministre dormira bien la nuit précédant la grande manifestation contre la politique du gouvernement, mais il n'est certainement pas aussi détendu qu'il veut bien le montrer ("c'est un samedi et il est bien possible que je me promène ce jour-là, car je suis un grand amoureux de la nature", a déclaré Luc Frieden lors du dernier point de presse en réponse à un journaliste qui lui demandait ce qu'il ferait le 28 juin).

Avec sa remarque sur la promenade, il a bien sûr jeté de l'huile sur le feu déjà brûlant des syndicats. Nous ne savons pas si c'est conscient ou inconscient, mais si c'est inconscient, il n'a définitivement pas de sens politique, ce qui lui a également été reproché par Jean-Claude Juncker, le grand-père du CSV. Ce dernier aurait d'ailleurs prédit à l'époque au ministre des Finances Frieden, devant les ministres réunis, qu'il ne comprendrait jamais rien à la politique.

Le fait que cette semaine, lors d'une interview radio, Michel Reckinger, le président de l'organisation faîtière des employeurs, ait appelé les gens à ne pas participer à la grande manifestation et à se promener plutôt dans la forêt avec Luc Frieden ne devrait pas non plus contribuer à objectiver le débat. Au contraire : avec sa déclaration, le président de l'UEL a probablement veillé à ce que – à en croire les nombreuses réactions à son intervention sur les réseaux sociaux – les gens disent "maintenant plus que jamais", et qu'ils seront désormais définitivement présents à la manifestation de samedi dans la capitale.

Un avant-goût de la grande manifestation du front syndical de l'OGBL et du LCGB, pour laquelle le syndicat bancaire Aleba, de nombreuses organisations non gouvernementales ainsi que la plupart des partis d'opposition ont également mobilisé leurs membres, a été donné mercredi lorsque le syndicat des fonctionnaires CGFP, soutenu par le syndicat du personnel communal FGFC ainsi que par le syndicat chrétien des cheminots Syprolux, a appelé à une première manifestation d'avertissement du service public contre la réforme des pensions, à laquelle ont participé environ 300 personnes devant la Chambre des députés.

Le nombre de personnes qui seront présentes samedi devrait bien entendu influencer la suite des événements pour le gouvernement, car Luc Frieden, après sa prétendue promenade en forêt, regardera de près combien de personnes descendront réellement dans la rue ce jour-là.