Éditorial - Marine Le Pen et les fossoyeurs de la démocratie

Par Camille Frati

Les réactions à la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d'inéligibilité en disent long sur l'état de la démocratie en France et sur l'identité de ses défenseurs.

La France a beau avoir vu naître la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen après avoir occis sa monarchie au nom de la souveraineté du peuple, elle n'échappe pas à la dérive de la démocratie et à son torpillage en bonne et due forme par ceux et celles-là mêmes qui disent la défendre.

Le malaise est palpable depuis plusieurs années dans les villes et les campagnes. Même l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, héraut d'un centre qui viendrait mettre fin au clivage stérile entre gauche et droite, en était l'expression et la conséquence. Les gilets jaunes ont suivi, puis la montée inexorable de l'extrême droite, le morcellement de l'électorat et l'an dernier une dissolution catastrophique.

Parfois il faut un événement fort pour qu'un mal lancinant se dévoile dans toute sa splendeur. La condamnation de Marine Le Pen, de son parti et de 27 eurodéputé·e·s, faux·sses assistant·e·s parlementaires et collaborateur·rice·s a fait tomber les masques lundi. À lire les réactions du RN et des autres partis, on mesure l'étendue du mal. Le Rassemblement national conteste le verdict et crie à l'assassinat politique de sa figure de proue – qui n'a jamais été aussi près de son icône historique Jeanne d'Arc. Pour Jordan Bardella, président du parti et jusque là premier-ministrable si Mme Le Pen avait été élue présidente de la République, "c’est la démocratie française qui est exécutée". Pour le meilleur ennemi d'extrême droite du RN, Éric Zemmour, "ce n’est pas aux juges de décider pour qui doit voter le peuple."

La suite de cet article est gratuite

Elle est disponible pour les utilisateur·rice·s abonné·e·s à la newsletter, qui est envoyée deux fois par semaine, et ayant un compte Journal.

As-tu déjà un compte ?

Connecte-toi