Éditorial - L'extrême droite tisse sa toile dans (toute) l'UE

Dans quelques jours sera célébré le 40^e anniversaire de la signature des accords de Schengen, marquant l’effacement des frontières entre les pays et les peuples de la Communauté européenne, devenue l’Union européenne, alors que le nationalisme avait plongé l’Europe dans le feu et le sang. Et pourtant les idéaux nationalistes sont loin d’avoir disparu – au contraire. Cela semble être la règle désormais : chaque élection dans un pays européen comporte le risque de voir les souverainistes l'emporter avec des conséquences plus ou moins graves sur la politique intérieure et étrangère du pays. L'emporter, ou simplement peser suffisamment pour générer un changement de cap.

Ces dernières semaines, les regards étaient tournés vers deux pays d'Europe de l'Est, tous deux membres à part entière de l'Union européenne depuis le vaste élargissement de 2004 : la Roumanie et la Pologne. Le scénario différait entre les deux à l'approche des élections présidentielles. En Pologne, le chef de l'État sortant, Andrzej Duda, était déjà un élu du PiS, le parti Droit et justice qui a multiplié les atteintes à l'indépendance de la justice et la communauté LGBTQ+.

Le gouvernement de coalition libéral, sorti des urnes en 2023, espérait bien déboulonner le président Duda qui freinait son programme de réformes. Peine perdue, c'est le novice en politique Karol Nawrocki qui l'a emporté d'un souffle pour le PiS avec 50,89% des suffrages. Un historien virulent qui a fait campagne sur la réclamation de réparations auprès de l'Allemagne pour les crimes et dommages du régime nazi ainsi que sur la remise en cause de l'aide aux réfugié·e·s ukrainien·ne·s.