Éditorial - Le soulagement, et après ?

Par Camille Frati

La troisième place du Rassemblement national lors des élections législatives en France offre un apaisement de courte durée. Avec une Assemblée nationale morcellée et trois blocs irréconciliables, l'émergence d'une majorité gouvernementale pose question.

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Dimanche soir à 20h, une grande partie de la France a cessé de retenir son souffle. Après un troisième scrutin en un mois, le plus important pour le pays, cette France-là a eu l'impression d'enfin pouvoir respirer librement. Jordan Bardella ne sera pas Premier ministre, c'est l'essentiel. Le front républicain a fonctionné, plus ou moins bien selon les circonscriptions et les partis, mais il a permis d'endiguer la montée du Rassemblement national et de l'empêcher de sortir premier de la course.

Les félicitations et le soulagement ont afflué de l'étranger. Pedro Sánchez en Espagne, Lula au Brésil veulent voir dans cette prise de pouvoir avortée une étape supplémentaire du renouveau de la gauche après leurs propres pays et le Royaume-Uni il y a quelques jours. Pas si simple. La France a sauvé la face. Maintenant se pose une question brûlante : qui va gouverner et comment ? Ce ne sera plus le président Macron, privé de son règne jupitérien – ou plutôt renvoyé au sens astronomique du terme : il sera aussi éloigné de la gestion du pays au quotidien que Jupiter de la Terre.

La règle républicaine veut que le président nomme comme Premier·ère ministre une personnalité du mouvement qui a remporté les élections. Une évidence pour les partis ou alliances traditionnels, et en tout cas pour les deux blocs Ensemble (ancienne majorité macroniste) et RN, mais un véritable casse-tête pour le bloc de gauche arrivé premier. Constitué en catastrophe deux jours après l'annonce de la dissolution, le Nouveau front populaire rassemble des partis qui ont eu la clairvoyance de renvoyer la question de l'identité du ou de la futur·e Premier·ère ministre à l'après-scrutin afin de ne pas gaspiller une énergie précieuse dans une campagne électorale aussi courte. Comme souvent le consensus se fait plus facilement contre que pour une personnalité. Au placard, les épouvantails que représentent Jean-Luc Mélenchon, le fondateur incontrôlable de la France insoumise, et François Hollande, l'ancien président socialiste qui a tant déçu.

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