Dysmorphie financière : quand le compte en banque ne reflète pas le ressenti

Julien* a un bon poste en finance au Luxembourg, vit dans un logement confortable et compte plus de 100.000 euros sur son simple compte-épargne. Pourtant, ce quadragénaire est en panique dès qu'il doit prendre des décisions concernant ses finances. "Je fais attention tout le temps, j'ai une peur panique d'être pauvre. J'ai été une fois à découvert de 100 euros il y a plusieurs années, ça m'a traumatisé."

Julien pense qu'il souffre peut-être de "dysmorphie financière", terme généralement appliqué aux personnes qui ont une perception déformée de leurs finances personnelles, qui gagnent bien leur vie, mais se croient pauvres.

L'un des principaux symptômes est une profonde anxiété à l'égard des finances, qui va au-delà des préoccupations habituelles telles que la crise du coût de la vie ou les inquiétudes liées à la menace d'une récession. Ce stress est plus profond, insidieux et obsessionnel.

Les recherches sur Google concernant la "dysmorphie financière" ont atteint de nouveaux sommets au cours de l'année passée. Un rapport a révélé que près d'un tiers des Américain⸱e⸱s souffraient de dysmorphie financière, sur la base d'une enquête menée auprès de 1.000 personnes à la demande de la société financière Credit Karma. La proportion est encore plus élevée chez les jeunes, avec 43 % de la génération Z et 41 % des millennials qui souffrent de dysmorphie financière. Un grand nombre des personnes interrogées disposaient pourtant de plus de 10.000 dollars d'économies.