Calais, dernière chance pour les demandeur·euse·s d'asile

Par Jang KapgenAhmed Gul Changer en anglais pour l'article original

Lorsque la demande d'asile de Muzain a été rejetée au Luxembourg, il a considéré la traversée de la Manche comme un ultime recours. Lëtzebuerger Journal l'a rencontré au Luxembourg et s'est rendu à Calais pour retracer son parcours et comprendre les dangers auxquels s'exposent les personnes en quête de protection.

Quelle que soit la raison de leur départ, la plupart des demandeur·euse·s d'asile en Europe ont laissé derrière elles et eux leur famille, leurs ami·e·s et leurs biens ; ils·elles ont entrepris un voyage long, effrayant et souvent dangereux pour leur vie jusqu'en Europe ; ils·elles ont atteint un pays de l'UE, qui les a accueilli·e·s le plus souvent à bras fermés ; ils·elles ont révélé leurs craintes les plus profondes aux gouvernements étrangers en déposant une demande de protection internationale ; ils·elles ont fait tout cela dans l'espoir de recommencer leur vie – et ensuite, ils·elles attendent, parfois jusqu'à deux ans, une réponse du gouvernement. Muzain* (*nom modifié pour préserver son anonymat) attendait une réponse à sa demande depuis environ deux ans. Il a ensuite reçu la lettre qui a anéanti ses espoirs.

Quand la protection internationale vous est refusée

En 2024, 502 personnes ont vu leur demande refusée au Luxembourg, ce qui représente environ 36% de l'ensemble des demandes traitées. De janvier à mai 2025, 221 demandes ont déjà été refusées (environ 30% de toutes les demandes traitées). Marion Dubois, de l'association de défense des droits humains Passerell, explique que les demandeur·euse·s sont généralement informés par courrier. S’il s’agit d’une reconnaissance de la protection internationale, la lettre est une courte page en français. En cas de rejet de la demande, il s’agit d’une explication de la décision de neuf à quinze pages, également rédigée en français. Le gouvernement y ajoute aussi des informations sur les retours volontaires. Fait intéressant, ces informations sur les retours volontaires constituent la seule partie traduite dans la langue supposée du demandeur. La lettre de Muzain n'étant pas entièrement rédigée en français, il a rapidement compris la décision.

En fonction du rejet, le·la demandeur·euse a entre 15 jours et un mois pour faire appel de la décision du gouvernement ou pour quitter le pays. Muzain a fait appel, sachant que le traitement de son dossier par le tribunal pourrait prendre encore un an et demi. Les demandeurs d'asile peuvent faire appel jusqu'à trois fois. En 2024, le taux de réussite de ces recours était inférieur à 2%.

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