BSI Cleaning a attiré l’attention des médias ces derniers mois avec ses méthodes innovantes de désinfection anti Covid. Mais qu’en est-il en réalité? Fausses certifications, affirmations mensongères, client·e·s, prestataires et associé·e·s qui se sentent floués, un personnel exploité. Derrière ses solutions novatrices, la petite entreprise cache une réalité bien sombre.
BSI Cleaning existe depuis octobre 2014. A sa tête Simon Tritz, ancien de Ceratizit qui a lancé sa propre affaire. Depuis 2017, la société est logée au hall 3B du Technoport de Foetz. Pour bénéficier de loyers inférieurs au prix du marché, environ 6.000 euros par mois, ainsi que de l’écosystème du Technoport, il faut valider un processus long de quatre mois et passer devant un comité d’évaluation. Par la suite, de l’aveu de Diego De Biasio, directeur du site, l’équipe s’inquiète surtout de vérifier que les entités ont une activité et une substance, ce qui est le cas pour BSI Cleaning. Ce dernier fait partie du cluster Materials & Manufacturing de Luxinnovation qui mentionne travailler « régulièrement » avec l’entreprise.
Les client·e·s affichés sur le site internet sont de grands noms (Oberweis, Renault, Ceratizit, ArcelorMittal), rien qui pourrait susciter le moindre soupçon. Lors de notre visite dans l’atelier, tout est calme. A peine voit-on deux employés qui déguerpissent rapidement dans les bureaux. Simon Tritz nous explique alors que la société est passée de 7 à 3 employé·e·s en janvier, « à regret », la faute à la crise et des client·e·s qui ne paient pas, selon le patron. Ce dernier montre ses deux procédés phares, la production de glace carbonique sur un pelletiseur (il déclare qu’une autre machine est partie en maintenance), mais aussi un procédé de désinfection « cryo 3D » par fumigation. Un peu de glace carbonique, de produit désinfectant et le tour est joué d’après Simon Tritz qui louerait ses machines en leasing à une cinquantaine de client·e·s à l’étranger et une demi-douzaine au Luxembourg.
Ni brevet, ni solution certifiée
Pour ce qui est de la « cryo 3D », son site internet mentionne « un système breveté », ainsi qu’une efficacité prouvée : « L’élimination des bactéries, fongicides et virus a été vérifiée et validée par analyse dans un laboratoire spécialisé ». Deux problèmes cependant : Simon Tritz nous explique ne pas avoir déposé de brevet, tout au plus un « e-depo » (une sorte de coffre-fort pour y déposer des concepts et idées) sur une pièce de la machine. Côté laboratoire, là aussi ça coince. Le LLuCS (Laboratoire luxembourgeois de contrôle sanitaire) a fini par se désolidariser de l’entreprise lors d’un échange de mails : « Concernant la publication mentionnant le laboratoire LLuCS comme ayant certifié l’efficacité de leur système de désinfection : Cette affirmation est erronée et implique une mauvaise interprétation des tests que nous avons réalisé avant et après désinfection. Nous ne sommes pas un laboratoire de certification mais nous réalisons des prélèvements et analyses », écrit Cyrille Blettner, gérant et directeur technique du LLuCS. Le lendemain, BSI Cleaning a effectivement fait disparaitre de son site toutes les mentions du LLuCS. Jugeant avoir été trompée par les affirmations de BSI Cleaning, un opérateur de leasing au Luxembourg a depuis arrêté son contrat avec l’entreprise.
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BSI Cleaning: pas si clean que ça
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