J’ai deux mots à vous rire - Présomptions présomptueuses

Von Claude Frisoni Artikel nur auf Französisch verfügbar

Ayant constaté qu’il peut très bien y avoir de la fumée sans feu, notre chroniqueur a aussi relevé qu’il y a des tas d’innocents aux mains vides.

Dans les États de droit, il est un principe intangible, intouchable et inviolable, c’est la présomption d’innocence. Ce principe est assez simple à comprendre quand il est formulé en langage commun et non en jargon judiciaire, se résumant à : « Tout le monde est innocent jusqu’à preuve du contraire ». En réalité, un innocent condamné sans preuve – il semblerait que les prisons américaines en détiennent plus d’un – n’est plus un innocent, jusqu’à preuve du contraire. Il faut en effet, pour faire réviser un procès et innocenter un innocent devenu coupable par suite d’une erreur judiciaire, des éléments nouveaux, donc d’autres preuves que celles qui n’avaient pas suffi lors du premier procès. Il serait donc plus juste d’énoncer : « Tout le monde est innocent jusqu’à ce que la justice le déclare coupable ».

Quoi qu’il en soit, la présomption d’innocence est censée profiter à tous les justiciables. Il semble pourtant plus facile d’en bénéficier quand on est un grand sportif, un politique en vue, une star ou un milliardaire que lorsqu’on vit dans une caravane déglinguée, avec un casier judicaire long comme le bras et une mine patibulaire mais presque. Ainsi, en France, le directeur d’un machin (je pense que c’est le nom scientifique du truc aussi inutile que prestigieux que dirigeait le monsieur), réputé proche du pouvoir a été mis en cause par une collaboratrice à qui il avait fait boire la drogue du violeur. La jeune femme avait eu la présence d’esprit de s’échapper aux premiers symptômes douteux et avait eu la chance de pouvoir se réfugier dans un hôpital, qui a constaté la présence du poison dans son organisme. Eh bien, à la surprise des policiers en charge de l’enquête, bouclée en moins de 90 heures, leur téléphone a sonné sans arrêt, avec à l’autre bout, des personnalités de très haut rang, insistant sur la présomption d’innocence due au monsieur.

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