J’ai deux mots à vous rire - Les stats se tâtent…
Von Claude Frisoni Artikel nur auf Französisch verfügbar
D’après Frisoni, au Luxembourg, le statisticien s’tâte, alors qu’en France Insee pas…
Tous les pays civilisés ont un service de la statistique. Ça permet aux décideurs et aux politiques d’avoir des éléments d’appréciation, d’analyse et donc ça nourrit leur réflexion. Après, ce qu’ils en font, de ces éléments, c’est une autre histoire.
Dans des tas de pays, ces services ont des noms formés à partir de la racine stat. En Turquie (où il est important de savoir combien d’opposants sont arrêtés quotidiennement), ça s’appelle Turkstat, en Italie, Istat, au Luxembourg Statec, à la Commission Eurostat. Et en France, Insee. Pourquoi cette différence ? Eh bien au Luxembourg, à la lecture des stats, le politique, y s’tâte. En France, Insee pas.
Mais si les statistiques ne lui permettent pas toujours de savoir quoi faire, elles offrent au politique la possibilité de noyer le poisson. Par exemple, après des mois de hausse ininterrompue du chômage, une légère inflexion des courbes permet à l’homme de l’art d’affirmer sans rire : "Je me réjouis d’un ralentissement de l’accélération de la hausse du chômage."
Le mois suivant, le chômage ne cessant d’augmenter, mais un peu moins vite, il pourra se féliciter de chiffres démontrant : "Une accélération du ralentissement de l’accélération de la hausse du chômage". Et quand les instituts de prévisions annoncent une récession, les politiques, qui ont le sens de la litote et l’art de l’euphémisme, rectifient et évoquent une croissance négative. Et prétendent qu’il vaut mieux une future croissance négative qu’une ex-croissance disgracieuse.
Quand lors d’un débat, deux hommes politiques (parfois des femmes, mais chez les hommes politiques il y a peu de femmes, parce qu’on met les hommes publiques sur des tribunes mais les filles publiques dans des vitrines, puis les hommes publics donnent leur nom à des rues sur les trottoirs desquels travaillaient les filles publiques), donc, quand deux hommes politiques se balancent des statistiques économiques au visage, à un moment ou à l’autre, l’un des deux, à court d’argument proclame : "Oh, les électeurs le savent bien. les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut." C’est n’importe quoi. Les chiffres, on ne leur fait rien dire du tout. Les chiffres, ils ne disent rien. Ce sont les analystes, les experts, les décideurs qui interprètent les chiffres. Et disent ce qu’ils veulent à partir des données.
Du willst mehr? Hol dir den Zugang.
-
Jahresabo185,00 €/Jahr
-
Monatsabo18,50 €/Monat
-
Zukunftsabo für Abonnent*innen im Alter von unter 26 Jahren120,00 €/Jahr
Du hast bereits ein Konto?
Einloggen