J’ai deux mots à vous rire - L'art barbare de l’art-naque

Von Claude Frisoni Artikel nur auf Französisch verfügbar

À peine guéri de ses coups de soleil, Claude Frisoni pousse un coup de gueule pour éviter le coup de sang !

Parmi les dictons les plus bêtes, les plus absurdes, les plus accablés de non-sens, bien avant "Partir, c’est mourir un peu", si facilement démenti par le génial Alphonse Allais et son irrésistible "Mourir, c’est partir beaucoup" ou ridiculisé par Jean Cocteau et sa facétieuse contrepèterie aboutissant à l’implacable "Martyre c’est pourrir un peu"… il y a un proverbe à l’auteur inconnu. Ce proverbe sans queue ni tête, se démentant lui-même, cette ânerie sans nom, c’est "Charité bien ordonnée commence par soi-même". Voici, d’après le dictionnaire, la longue liste des synonymes de charité : "aide, altruisme, assistance, bienfaisance, bienveillance, bonté, désintéressement, générosité, humanité, philanthropie, pitié, secours, solidarité". Peut-on imaginer un seul de ces termes adapté à soi-même ? Peut-on imaginer une forme d’altruisme destinée à soi-même ? L’altruisme étant par définition la disposition à s'intéresser et à se dévouer à autrui. Autrui, c’est l’autre et l’autre, ça ne peut pas être soi-même. Ok, sauf chez les schizophrènes, à la limite. Mais, si l’on excepte cette catégorie de la population, peu nombreuse, même si elle devrait être multipliée au moins par deux, on ne peut pas être bon, désintéressé, philanthrope, aidant, secourable… au profit de sa propre pomme.

Charité bien ordonnée blablabla, c’est le comble de l’offense au bon sens. Affirmer cyniquement qu’il ne faut surtout pas aider les autres, mais seulement songer à sa propre gueule, c’est critiquable, mais au moins ça tient debout. Prétendre que l’égoïsme est la forme supérieure de l’altruisme, c’est se moquer du monde. Le mot charité ne saurait servir l’égoïsme et le manque d’humanité.

Pourtant… En latin, charité se dit caritas et ces temps-ci, Caritas ne sonne plus comme le nom d’une magnifique organisation d’aide et de charité, mais comme une officine de tricherie, d’escroquerie et de détournement des fonds destinés aux pauvres pour atterrir dans les poches de personnages sans scrupules ni morale, abjectes ordures sans excuses.

Ces gens-là, au mépris des efforts des milliers de donateurs, des centaines d’employés et de bénévoles et se moquant du sort des dizaines de milliers de bénéficiaires dans le besoin, ont donné raison à l’immonde proverbe "charité bien ordonnée commence par soi-même".

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