Notre chroniqueur se demande ce qui pousse les politiques à vouloir faire de leurs électeurs des lecteurs.
Il a été beaucoup question d’électeurs ces jours-ci. Et beaucoup moins question des lecteurs. En effet, il y a l’électeur et les lecteurs. Ou les électeurs et l’aisé lecteur. L’aisé lecteur, c’est celui qui s’offre de jolies éditions reliées. Reliées à quoi ? A quel réseau ? A quel site ? À rien. Juste reliées. Un livre relié n’est pas relié, c’est ce qui fait sa beauté. Il n’a pas de connexion qui le relie, il a une reliure qui le fait reluire.
Le lecteur lit, l’électeur élit. On pourrait croire qu’à l’instar de l’e-commerce qui est le commerce sans contact humain, l’e-lecteur est un lecteur virtuel sans vrai livre. Or, si c’est le bulletin qui fait l’électeur, c’est bien le livre qui fait les lecteurs. Et qui les libère s’il n’est pas unique ? Car un livre, des livres. Le livre est un curieux objet, aux pouvoirs étranges. Bien plus que le simple bulletin. On raconte que pour devenir un bon lecteur, il faudrait savoir résoudre le problème suivant. A la demande d'un client, un libraire londonien livre 5 livres de livres, pour un montant total de 30 livres. Sachant qu'un livre pèse deux livres, combien vaut un livre, en livres ? La bonne réponse serait : il faut deux livres pour faire un kilo, mais beaucoup plus pour faire un qui lit.
Le lecteur peut être électeur, notamment pour soutenir son livre et son auteur préférés lors d’un concours. Mais l‘électeur lui, peut-il être un lecteur ? Dans le passé, c’était presque une obligation. Les hommes et les femmes politiques étaient également des auteurs et des autrices. Entre deux campagnes, trois meetings et cinq discours, ils trouvaient le temps de mettre leur plume au service de leurs idées. Sans remonter jusqu’à l’olympe des lettres en évoquant le sénateur Victor Hugo, on peut signaler Clémenceau, Jaurès, Churchill, Lénine, Mao, Obama, de Gaulle… D’autres ont été écrivains avant d’embrasser une carrière politique. Il en fut ainsi de Vaclav Havel, immense auteur dramatique, enrôlé quasiment de force par la révolution de velours pour en assurer la victoire. Mais son œuvre, si elle dénonçait les absurdités d’un système effrayant, n’était pas au service d’un projet politique.
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