J'ai deux mots à vous rire - Ah, quels titres…

On ne peut guère me soupçonner de ne pas apprécier les jeux de mots, calembours, à peu près, mots valises ou homophonies… Il paraît que j’aurais même parfois une méchante tendance à en abuser. Médisance… Cela ne m’empêche pas de m’interroger sur la place que de plus en plus de journaux réputés sérieux concèdent à ce penchant, surtout pour leur titraille. Autrefois, l’audace calembourgeoise était réservée au seul Canard Enchainé. Il faut dire que le facétieux volatile a toujours démontré, outre ses grandes qualités éditoriales et son efficacité dans l’investigation, un réel talent dans cet exercice. Pour l’amateur que je suis, son chef d’œuvre reste le titre qui barrait sa Une en 1972 : « Le régime est toujours de boue ». Mais depuis quelques années, la presse bien habillée et propre sur elle, s’est mise à concurrencer le Canard sur ce terrain stylistique. Pas toujours avec bonheur.

Car si Libé a réussi quelques Unes mémorables, comme « Tueur en Syrie » en 2011 ou « Pour que la peine capitule » en 2014, le quotidien fondé par Sartre sacrifie souvent le sens à la recherche besogneuse du calembour obligatoire. Dans le numéro du 20 juillet, on a droit à « Britney Spears : Une lumière au bout de la tutelle », « À Bruxelles, la Commission remue distanciel et terre », « Occitan en emporte le chant », « France Graal » ou pire encore : « Vu d’en eaux ». Tout ça et même plus et pire, dans un seul numéro. Je me demande s’il existe un type ou toute une équipe, enfermés dans une pièce avec des boissons alcoolisées ou des cigarettes qui sentent le pot au feu, payés pour pondre à tout prix un titre vaseux, permettant au lecteur de faire l’économie de la lecture de l’article en se souvenant simplement de la vanne faisant office de titre.