J'ai deux mots à vous rire - Le mieux est l’ennemi du tien
Von Claude Frisoni Artikel nur auf Französisch verfügbarDans sa chronique hebdomadaire, Claude Frisoni s'intéresse à l'opposition entre deux mots.
Les mots disent parfois plus que ce qu’ils sont censés exprimer. Pas seulement par leur musique ou leur signification première, pas uniquement par leur association dans des jeux de mots ou des formules percutantes… Il arrive que des mots, par leur usage et leur évolution sémantique, trahissent la réalité profonde d’une société, sa mentalité et ses travers. On s’en est notamment rendu compte avec des expressions courantes très significatives de préjugés racistes. Si certaines se font heureusement plus rares, dénoncées pour ce qu’elles sont, comme « manger en juif » ou « du travail d’Arabe », d’autres plus anodines, subsistent dans les conversations, comme « fainéant comme un Corse », « fort comme un Turc », « râleur comme un Français » ou « gai comme un Italien quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin ». Cette dernière affirmation laissant entendre que pour les Italiens, l’amour ne serait qu’une des composantes de leur cocktail euphorisant favori, le vin restant indispensable. C’est très exagéré et j’en suis témoin. J’ai connu plusieurs Italiens très heureux avec une promesse d’amour et de Spritz ou d’Amaretto.
Bref, le langage trahit souvent des tendances inavouables. C’est également le cas lorsqu’il s’agit d’utiliser des féminins pour qualifier une attitude méprisable. Ainsi, un homme lâche et faible devient une femmelette ou une gonzesse, un homme incapable de garder un secret est une commère, un délateur est une balance, un homme bavard et bruyant, une poissonnière ; un manipulateur rusé et sans scrupules est une pute. Cette triste réalité n’est pas réservée à la langue française, loin de là. Mais ce qui est très « français » et terriblement révélateur, c’est l’opposition entre deux mots : propre et commun. Les deux ont plusieurs sens mais essentiellement deux, chacun. Pour propre, il s’agit soit de ce qui n’est pas sale, soit de ce qui m’appartient. Pour commun, il s’agit soit de ce qui est partagé, appartenant à plusieurs, soit de ce qui est sans originalité, ordinaire, banal, médiocre. Quand propre a trait à l’hygiène, le substantif est propreté, quand il définit une appartenance, le substantif est propriété. Commun est la racine de mots comme commune, communal, communisme, communard, communauté, comme une étoile au firmament. Sauf comme une étoile au firmament. Or donc, qu’est-ce que ces deux mots nous disent sur la société ?
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