Une volonté inébranlable

C’est dans les locaux de la Stëmm vun der Strooss à Luxembourg que Sandra Junckel nous reçoit. Elle est ici un peu comme chez elle. Il faut dire que cela fait dix ans qu’elle connait de près l’association qui vient en aide aux plus démunis. Et pour cause. À la suite d’un divorce particulièrement violent, elle a tout perdu. Elle s’est retrouvée officiellement à la rue pendant près de 5 ans, ses enfants placés en foyer, bref, un cauchemar. Dont elle a su se relever et reprendre peu à peu pied. Sandra Junckel a voulu raconter son histoire pour montrer que même dans un pays comme le Luxembourg, il est possible de basculer.

Mariée, trois enfants, une maison de l’autre côté de la Moselle, en Allemagne. Sandra vivait une vie tout ce qu’il y a de plus banal pour une famille luxembourgeoise. Mais son couple bat de l’aile, et la famille éclate avec un divorce particulièrement douloureux à la clé. Sandra tente tant bien que mal de subvenir aux besoins de ses trois enfants, mais elle finit par perdre son domicile. Elle nous explique que suite à des violences conjugales, elle a dû quitter sa maison du jour au lendemain. Son ex-mari, lui, y vit toujours, mais ne verse rien pour les enfants et a coupé tout contact. Ce dernier n’aurait jamais supporté d’avoir un enfant handicapé, l’aîné du couple. Sandra est placée pendant trois mois dans un hôtel en plein hiver avec ses enfants, mais pas assez longtemps pour qu’elle puisse se reprendre en main. Ses trois enfants sont rapidement placés en foyer, sans qu’elle puisse intervenir puisqu’elle n’a pas de logement pour les accueillir dans de bonnes conditions. Le divorce, particulièrement éprouvant, a entaché sa santé.

Sans domicile, sans ses enfants, avec des problèmes de santé, Sandra décide de rentrer au Luxembourg, en espérant obtenir l’aide dont elle a besoin. Mais elle va être très déçue : « Les démarches étaient très difficiles. Comme j’avais quitté le pays, c’est comme si je n’existais plus. Sans adresse, impossible d’obtenir des aides. Le système m’a finalement enfoncé », raconte-t-elle. Si officiellement Sandra n’a pas de domicile, elle n’est pour autant pas à la rue. Fâchée avec sa famille, elle a heureusement pu obtenir le soutien de son oncle. Ce dernier l’a hébergé pendant cinq ans, mais impossible pour elle de s’y domicilier : « Mon oncle était dans un logement du Fonds du logement, s’il déclarait officiellement ma présence, il perdait tout. Je suis donc devenue illégale dans mon propre pays ».