Passion ballon rond

Par Audrey SomnardLex Kleren

Le football féminin a-t-il la place qu’il mérite au Luxembourg ? Tessy Troes s’est posé la question en retraçant son histoire, des années 1970 à nos jours, dans un documentaire poignant où les femmes déclarent leur amour pour le ballon rond.

C’est un phénomène récent. C’est en tout cas l’impression que donnent les médias qui semblent découvrir le football féminin ces dernières années. Les matchs sont diffusés à la télévision, les tournois internationaux remplissent les stades, bref l’engouement pour le football féminin est réel. Mais est-il si récent que ça ? Tessy Troes a remonté le temps dans son documentaire Um Ball – 50 Joer Fraefussball zu Lëtzebuerg, où elle revisite les prémices de la discipline avec les principales concernées. Cela fait plus de deux ans qu’elle sillonne le pays grâce à son film, dans les écoles et les communes, comme à Esch à la fin du mois de janvier cette année pour une soirée spéciale. Une façon de montrer que les femmes luttent depuis longtemps pour se faire une place dans le monde du sport. Grâce à des archives personnelles, des souvenirs, photos, coupures de presse, elle montre en un peu plus d’une heure que le football féminin était déjà une réalité au début des années 1970, plus précisément avec le premier match "officiel" archivé, un Belvaux (0) – Bissen (15) le 21 septembre 1970. Les joueuses de l’époque se souviennent avoir rejoint l’équipe à Bissen, la première à avoir vu le jour, pour être avec les copines et parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’autres activités sportives proposées pour les jeunes filles à l’époque.

"L'idée du film vient de quand j'avais 9 ans parce que je voulais jouer avec les garçons du village dans le club, ils me disaient que les filles ne jouent pas au football donc je crois que c'est le point de départ de toute l'histoire", raconte Tessy en préambule. La jeune femme n’a pas connu les débuts des années 1970, mais plus de 30 ans plus tard, les choses n’avaient pas beaucoup changé une fois qu’elle était elle-même enfant. Les filles étaient tolérées dans les équipes garçons jusqu’à un certain âge, mais pour le reste il fallait alors trouver une équipe féminine dans le pays. Pas facile. "En 2019 il y avait la Coupe du monde en France, j'y étais le dernier weekend comme journaliste, faisant de petits reportages. Et ça m'a beaucoup marquée car l'atmosphère était beaucoup plus accueillante chez les supporteurs du football féminin que dans le football masculin", poursuit la réalisatrice.

La découverte du football se fait pour tout le monde généralement avec les hommes, à la télévision ou dans les stades des clubs de villages le weekend. "La plupart des matchs professionnels que j'avais vu, c'était du football masculin. Mais cette fois être à Lyon et voir tous les gens qui étaient super motivés, super ouverts, qui avaient un autre rapport avec le football féminin, ça a été vraiment inspirant. À la même époque, la Fifa avait publié un petit livret sur le football féminin dans le monde, j'ai vu qu’au Luxembourg le premier championnat était en septembre 1972 et ça m'étonnait parce que je connaissais un petit peu l'histoire depuis 1997, mais je ne savais pas qu'il y avait quand même 25 ans de plus !" Passé l’étonnement, Tessy Troes s’est alors penchée plus sérieusement sur cette histoire cachée de ces pionnières du football féminin. Mais cela en valait-il la peine ? Y avait-il un intérêt du public ? "Comme tout premier pas du projet, nous avons réalisé une enquête sur le football féminin au Luxembourg, qui a été publiée sur Facebook et je crois qu’en deux ou trois jours, nous avons reçu plus de 100 réponses. Cela voulait dire que le projet avait un intérêt", estime la jeune femme.

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