Loin des clichés et d’une simple nostalgie, le documentariste Emmanuel Graff s’est penché sur les coulisses des usines de la sidérurgie et des mines. Entre solidarité, entraide, débrouille, la fauche et la bricole. Le film L’usine secrète revient sur les agissements d’une génération d’ouvrier·ère·s en France et au Luxembourg.
Emmanuel Graff est documentariste spécialisé dans le monde ouvrier de la Grande Région. Dans un troisième documentaire qui sera diffusé dans le cadre des festivités d’Esch 2022, le réalisateur se penche sur les dessous et les interdits dans les usines et les mines. Des rencontres émouvantes avec les ouvrier·ère·s des anciennes et nouvelles générations qui racontent des histoires qu’ils n’ont parfois jamais racontées à leur propre famille.
Avec une carrière de plus de trente ans dédiés aux documentaires, Emmanuel Graff essaie sans cesse de renouveler l’exercice avec un point de vue différent. Plus on avance dans le temps, plus les témoins disparaissent et le documentaire devient alors une nostalgie complètement dépassée qui n’est alors plus comprise que par ceux qui l’ont vécue. Comment trouver l’angle pour que ceux et celles qui ne sont pas concerné·e·s puissent s’intéresser à un sujet qui a priori parait poussiéreux et historique ? Comment rendre les ouvrier·ère·s de l’époque familier et proches de nous ? Le documentariste pensait avoir fait le tour du sujet. « Mais l’idée me trottait toujours dans la tête de pouvoir parler des interdits et de tout ce qui était fait secrètement dans l’usine », raconte-t-il lors d’un passage récent à Belval.
Emmanuel Graff est originaire de la région de Thionville, mais son intérêt pour le monde ouvrier n’a rien à voir avec ses racines familiales : « Ma famille étaient des petits artisans, des fonctionnaires. Mon hypothèse c’était que ne pas venir de ce milieu a justement attisé ma curiosité car j’ai vécu au milieu de tout ça, mais je n’en avais pas les clés. » Entouré de travailleur·euse·s d’usines, s’il ne connait pas ce monde-là, il le côtoie forcément indirectement. Pour approcher les ouvrier·ère·s dans le cadre de ses entretiens pour ses différents documentaires, il a fait appel à son réseau.
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