J’ai deux mots à vous rire - Souvenir, survenir ou subvenir ?

Par Claude Frisoni

Notre chroniqueur découvre que ce qui n’a pas de prix est impayable.

Ce mardi 21 décembre 2021 a eu lieu un évènement commercial à portée historique tout à fait exceptionnel. Oh, pas l’achat d’un nouvel iPhone par le soussigné. Lequel n’est pas assez bête pour acheter le dernier modèle sorti. On a sa dignité. Non, juste suffisamment couillon pour acquérir l’avant dernier. On a ses limites. Mais la vente vraiment extraordinaire qui a défrayé la chronique ces derniers jours, c’est celle du tout premier SMS. Qui fut envoyé le 3 décembre 1992. Le texte de ce court message disait sobrement : « Merry Christmas ». Autant dire que ça n’est pas la qualité littéraire du message qui a justifié le montant astronomique de la vente. A l’heure trop matinale à laquelle j’écris ces lignes, les enchères ne sont pas terminées mais l’estimation du « bien » se situe entre 130 000 et 200 000 euros. Ça fait cher du mot. En réalité, ça n’est pas le contenu qui fait la valeur de ce qui est mis en vente. Alfred de Musset dirait aujourd’hui : « Qu’importe l’ivresse, pourvu qu’on ait le flacon ». Mais à quoi ressemble donc ce flacon ? Le téléphone qui envoya le message ? Ou bien celui qui le reçut ?

Non pas. Ce qui est vendu, c’est un NFT. Kezako ? Un NFT. En toutes lettres, un NFT est un « Non Fungible Token ». En français, un jeton non fongible. Ce qui n’est pas beaucoup plus compréhensible. J’ai cherché quelle serait la meilleure traduction de Non Fungible Token et j’en suis arrivé à la conclusion que le plus expressif serait de dire simplement : « machin qui n’existe pas ». Le gogo, pardon, le collectionneur qui va remporter l’enchère du premier SMS recevra un certificat de propriété sous forme de jeton numérique – autrement dit un NFT. Mais pour matérialiser ce SMS dans le monde réel, son futur propriétaire se verra aussi remettre un cadre numérique. Un objet bel et bien réel, palpable. Parce qu'en principe, il n'est pas possible de vendre un bien entièrement immatériel aux enchères. Bien entièrement immatériel… Franchement, c’est un euphémisme pour dire « machin qui n’existe pas ».

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