Les montres à aiguilles sont difficiles à lire, mais elles sont encore plus difficiles à remonter.
Après avoir, la semaine dernière, exprimé mon angoisse face à l’incapacité de certains jeunes à lire l’heure sur une montre à aiguilles, je me suis rendu compte depuis, qu’il y avait peut-être encore plus grave. Non seulement beaucoup ne seraient plus capables de décrypter une antique montre à aiguilles mais la plupart ne sauraient pas la faire fonctionner.
Car de nos jours, ce qui distingue les anciens des modernes ne relève plus de la philosophie, de l’art, des mœurs, du choix entre classicisme et antiscolastisme. Ça n’est même plus le schisme historique entre utilisateurs de PC et fanatiques de Mac. Non, la scission se situe ailleurs, brutale et définitive, entre ceux qui ont, dans leur vie, dû remonter une montre-bracelet ou un réveil et ceux qui ne l’ont jamais fait.
C’est là, et nulle part ailleurs que se trouve la différence FONDA-MENTALE. Ô, générations insouciantes, confiant vos destinées à des engins munis de quartz et de piles, avez-vous jamais imaginé ce qu’était la vie des vaillants pionniers qui, chaque soir ou chaque matin (à l’époque, ce dilemme déchirait les hommes de bonne volonté), devaient penser à donner, par leur seul effort, suffisamment d’énergie à leur montre pour assurer son fonctionnement ? Avez-vous jamais songé à la discipline extraordinaire qu’exigeait cet exercice indispensable ? L’obligation était quotidienne, le rituel immuable. Avant de se coucher, ou dès le réveil, l’honnête homme faisait ce geste noble. Tenant le petit remontoir de sa montre entre le pouce et l’index, il lui imprimait un mouvement de va-et-vient alternatif, avec une dextérité forçant l’admiration.
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