Notre chroniqueur s’étonne que la France soit passée de cocorico à "nul n’est prophète en son pays".
Le pays où le hasard m’a fait naître et un certain art de vivre m’y a fait revenir, est ces temps-ci secoués par de risibles polémiques qui ne manquent pas d’inquiéter sur sa santé mentale. D’ordinaire, quand une distinction internationale venait consacrer un de ses fils, la France se dressait sur ses ergots et entonnait un magnifique cocorico. Ça frisait parfois le ridicule, le chauvinisme de bas étage et un certain provincialisme désuet, mais c’était une tradition bien établie. Ces derniers temps, la mode est au dénigrement, à la remise en cause des choix des jurys internationaux, au "bashing" des récipiendaires.
Alors qu’une ministre donne une interview à Playboy, tandis que son collègue se vautre dans la littérature de gare, le pouvoir et ses courtisans trainent dans la boue des artistes coupables d’ajouter à leur talent une bonne dose d’insolence. Mais ce pouvoir aurait-il oublié que c’est dans la nature même des artistes que de ruer dans les brancards ? De contester, discuter, dénoncer ? Quand Annie Ernaux s’est vue décerner le Prix Nobel de Littérature, j’ai benoitement cru que tous se réjouiraient d’une telle récompense. Morbleu, le Nobel de Littérature, ça n’est pas rien. C’est encore mieux que l’Eurovision de la Chanson et la Champion’s league réunis. Eh bien les commentateurs, les observateurs, les éditorialistes, les animateurs de talk-show ne l’ont pas entendu de cette oreille.
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